États-unis : pour Linda Thomas-Greenfield, « la politique d’Obama a eu un énorme impact en Afrique »

Essor des relations économiques, défense des principes démocratiques : pour la responsable des Affaires africaines au département d’État américain, Obama a rempli son contrat.

Linda Thomas-Greenfield, à Paris, le 26 octobre. © Vincent Fournier/JA

Linda Thomas-Greenfield, à Paris, le 26 octobre. © Vincent Fournier/JA

Publié le 7 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Elle rentre du Cap-Vert, sort d’une rencontre au Quai d’Orsay et doit se rendre rapidement en Namibie. Linda Thomas-Greenfield est une femme pressée. Souriante, elle nous reçoit en cette journée de fin d’octobre dans les locaux parisiens de l’Africa regional services, une branche du Bureau des Affaires africaines du département d’État américain.

Depuis août 2013, cette diplomate qui compte trente-cinq ans de carrière dirige ledit bureau. D’une voix posée, elle dresse son bilan, défend la politique africaine de Barack Obama… Et se refuse à commenter la campagne électorale mouvementée qu’a connue son pays. « J’ai commencé à servir sous la présidence de Ronald Reagan et j’ai travaillé sous d’autres Présidents depuis. Qu’importe celui ou celle qui gagnera l’élection, je servirai le gouvernement élu. »

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Des attentes fortes

Power Africa, le vaste plan d’électrification de l’Afrique subsaharienne (approuvé par le Congrès au début de 2016), l’organisation du premier sommet États-Unis - Afrique en 2014, le programme Young African Leaders Initiative (Yali) lancé en 2010, la prolongation de l’Agoa (African Growth and Opportunity Act) jusqu’en 2025… Pour l’élégante sexagénaire, « la politique de Barack Obama a eu un énorme impact en Afrique ». Bien sûr, elle entend les critiques, la déception de nombreux Africains qui attendaient davantage de la part du premier président noir des États-Unis, mais avoue ne pas les comprendre.

« Les effets de certaines de ces initiatives ne se feront sentir que dans plusieurs années. Et c’est normal. On ne peut construire des centrales électriques en un ou deux ans… Ce qu’il faut retenir de toutes ces actions américaines en Afrique, c’est qu’elles s’inscrivent dans la continuité, chaque nouvelle administration s’appuyant sur le bilan de la précédente pour l’améliorer. Ainsi, l’Agoa, lancée sous Clinton, a été étendue par Bush et par Obama, tranche-t-elle. Les attentes envers le Président Obama, parce qu’il est africain-américain, étaient très fortes sur le continent. Mais il est avant tout le président des États-Unis, qu’il représente dans le monde entier. »

Un œil sur la RDC 

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Complètement décomplexée face à un continent qu’elle arpente depuis longtemps – elle a été en poste au Kenya, en Gambie et au Nigeria avant d’être nommée ambassadrice au Liberia entre 2008 et 2012 –, Linda Thomas-Greenfield n’hésite pas à hausser le ton lorsqu’une Constitution, et notamment ses dispositions en matière de limitation du nombre des mandats, ne lui semble pas respectée.

« Les études le prouvent, la majorité des Africains veulent des transitions démocratiques. Prenez par exemple ce récent sondage en RD Congo [réalisé par le Bureau d’études, de recherches et consulting international et le Groupe d’étude sur le Congo de l’université de New York], qui indique clairement que 81 % des Congolais espèrent une passation des pouvoirs à la fin du mandat du Président Kabila. Voilà une nouvelle fois la preuve que ces dirigeants qui s’accrochent au pouvoir n’écoutent pas leur peuple et vont contre leur volonté. »

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Quelle serait la marge de manœuvre de son pays si la présidentielle n’était pas organisée comme prévu, en décembre, en RD Congo ? Elle avoue, pragmatique : « Pouvons-nous imposer notre volonté à un autre pays ? Non. » Ce qui n’a pas empêché Washington, en juin puis en septembre, de geler les avoirs de trois généraux congolais, accusés pour l’un de « violence contre les civils » et, pour les autres, de « réprimer les droits politiques et les libertés [de leur] peuple ».

D’autres sanctions sont envisagées : « Pour le moment, nous n’avons visé que des militaires, mais nos mesures pourraient cibler tout individu qui se dresserait contre le processus démocratique. Je ne peux pas vous dévoiler qui nous observons de très près aujourd’hui, mais nous avons une liste. »

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