Rémy Rioux, directeur de l’AFD : « Le franc CFA ? C’est la garantie d’une monnaie solide »
Au siège de Jeune Afrique, ce 25 octobre, on attendait avec un brin de curiosité le nouveau patron de l’Agence française de développement (AFD). Rémy Rioux, 47 ans, a hérité le 2 juin de l’AFD, de ses 8,3 milliards d’euros d’engagements annuels et de ses 2 100 salariés.
Après avoir obtenu des diplômes prestigieux (Normale sup et ENA), le fils de l’historien Jean-Pierre Rioux a construit une belle carrière de haut fonctionnaire, passant de la Cour des comptes au cabinet du ministre de l’Intérieur, du Trésor au cabinet du ministre de l’Économie et des Finances, de la diplomatie économique au sein du ministère des Affaires étrangères à la préparation de la conférence sur le climat, la COP 21.
Reprise
Bosseur mais pas technocrate, il est venu – pin’s de son Agence à la boutonnière – pour dire que « la machine [AFD] repart », que sa force de frappe passera bientôt à 12,5 milliards d’euros par an, dont la moitié destinée à l’Afrique, et qu’il recrute 377 experts pour accompagner cet essor. Pour rappeler, aussi, que l’Agence est la plus vieille institution d’aide au développement du monde (elle a été créée par le général de Gaulle en 1941, à Londres). Puis il a répondu, tout en nuances, aux questions de la rédaction de Jeune Afrique.
Les critiques adressées au franc CFA ? Pour lui, ce qui compte dans ce système monétaire, « c’est la garantie de la France en cas de panne de devises ; tout le reste relève de la responsabilité des États africains. C’est quand un pays affronte une crise qu’il s’aperçoit de l’importance de la solidité d’une monnaie ».
La poussée du sentiment antioccidental sur le continent ? Il ne l’a pas perçue chez les gouvernants qu’il a rencontrés. « À l’AFD, notre bilan en Afrique ne nous met pas mal à l’aise, assure-t‑il. Ce n’est pas nous qui décidons et qui passons les appels d’offres, mais les États. Nous sommes à l’écoute de leurs besoins et tentons d’entraîner les autres bailleurs dans leurs projets. »
Défi énergétique
Le défi de l’électrification du continent ? Le directeur de l’AFD évoque aussitôt l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables, regroupant dix bailleurs qui ont promis 10 milliards de dollars (plus de 9 milliards d’euros) d’ici à 2020. « La COP22 sera l’occasion de réaffirmer cet engagement, et la Banque africaine de développement se verra dotée d’une structure pour accompagner ces projets », précise-t‑il.
Les projets énergétiques au point mort car mal ficelés ? Il rappelle que ce sont les décideurs qui définissent leurs priorités, en accord avec les bailleurs de fonds, mais qu’« il convient aussi de mettre les consommateurs en confiance, afin que ceux-ci se persuadent que le solaire est mieux que le kérosène ».
La question – un tantinet provocatrice – de savoir si cet homme de gauche sera toujours à la tête de l’AFD en juin 2017, après la probable victoire électorale de la droite, ne le désarçonne pas : « Avant ma nomination, j’ai été auditionné en commission par les députés et les sénateurs. J’ai constaté que la politique d’aide au développement est bipartisane et que l’AFD est une institution républicaine. »
Rémy Rioux prépare d’arrache-pied le 75e anniversaire de l’AFD, qui sera célébré le 6 décembre au Musée du quai Branly-Jacques Chirac. Les nouvelles orientations de l’Agence, son rapprochement avec la Caisse des dépôts ainsi que le doublement de ses fonds propres y seront évoqués. « Il ne s’agira pas de parler de l’Agence, mais avant tout de nos projets », précise-t‑il. Ces derniers ne manquent pas.
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