Malik Sarr : « La Francophonie, c’est un véritable levier pour la croissance de Madagascar »

À 57 ans, le diplomate burkinabè est déjà un vieux sage de la Francophonie. Après son passage à l’Institut international d’administration publique de Paris (IIAP, qui fusionnera avec l’ENA en 2002), Malik Sarr crée en 1993 la Commission nationale de la francophonie au Burkina Faso – l’une des premières du continent.

L’ambassadeur a pris ses fonctions à Tana en mars. © RIJASOLO/RIVA PRESS pour JA

L’ambassadeur a pris ses fonctions à Tana en mars. © RIJASOLO/RIVA PRESS pour JA

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Publié le 24 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Vue du lac Anosy, à Tananarive, capitale de Madagascar. © Sascha Grabow/Wikimedia Commons
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Madagascar : nouveau départ ?

Près de trois ans après la fin de la crise politique et l’investiture du président Hery Rajaonarimampianina, Antananarivo aspire enfin à la stabilité et s’apprête à accueillir le XVIe sommet de la Francophonie, les 26 et 27 novembre.

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Cinq ans plus tard, il devient chef de cabinet du Belge Roger Dehaybe, alors administrateur général de l’Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF, ancêtre de l’OIF), puis chargé de la coordination des unités hors siège et des relations extérieures. Il sera ensuite, de 2008 à 2013, conseiller politique du secrétaire général de l’OIF Abdou Diouf puis représentant permanent de la Francophonie auprès de l’Union africaine et de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. L’ambassadeur a pris ses quartiers en mars à Madagascar, où le bureau régional de l’OIF pour l’océan Indien a été inauguré.

Jeune Afrique : Après la réintégration de Madagascar au sein de l’OIF, en 2012, l’accueil de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement à Antananarivo sera-t‑il le vrai grand retour de la Grande Île dans la Francophonie ?

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Malik Sarr : Bien entendu, mais pas seulement. Ce sommet marque le retour à la stabilité sur la Grande Île, ainsi que celui de l’OIF à Madagascar. Car Madagascar, c’est en quelque sorte « le placenta de la Francophonie ». C’est à Antananarivo que, le 23 novembre 2005, a été adoptée définitivement la charte de l’OIF.

À l’époque, on projetait déjà d’y ouvrir un bureau régional, tous les pays de l’océan Indien le souhaitaient. Pourtant, jusqu’à cette année, la Francophonie était présente partout, sauf dans cette zone. En mettant à notre disposition des locaux à côté du palais présidentiel, à Ambohitsorohitra, les autorités malgaches ont voulu montrer leur attachement à la Francophonie.

Cela signifie-t‑il pour autant une remontée en force du français par rapport aux langues locales et à l’anglais ?

L’OIF soutient la langue française à Madagascar et dans les îles de l’océan Indien, en particulier à travers la formation des maîtres et l’enseignement du français. Les Mauriciens sont également très demandeurs car ils ont compris que le français est un atout, qu’il est complémentaire de l’anglais.

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L’idée, c’est de ne pas mettre en conflit les langues entre elles. Madagascar a connu dans les années 1970-1980 une « malgachisation » forcée, que nous avons respectée. Aujourd’hui, à travers notre programme Élan-Afrique, nous faisons la promotion d’un enseignement bilingue articulant les langues africaines et le français dans les classes du primaire afin de remédier à l’échec scolaire.

La Francophonie, ce n’est pas qu’une langue, c’est un esprit de solidarité

Outre les questions linguistiques, quels sont les objectifs ?

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Depuis quelques mois, grâce au sommet, les hôteliers affichent complet, et, plus généralement, on sent un frémissement positif pour le pays, qui se traduit par une hausse de l’intérêt touristique. Ce sommet, qui sera aussi le premier organisé par Michaëlle Jean [élue secrétaire générale lors du XVe sommet, en 2014], illustre aussi l’objectif fixé à Dakar de développer une « francophonie économique ».

Aux côtés des diplomates, il y aura beaucoup d’hommes d’affaires et de jeunes. Nous avons créé un bureau d’incubateurs. Nous allons organiser des ateliers de travail autour des problèmes du chômage, de l’environnement, du développement durable et responsable. La Francophonie, ce n’est pas qu’une langue, c’est un esprit de solidarité. Et c’est un véritable levier pour la croissance du pays.

Ceux qui alertent sur le retard pris dans la réalisation de certaines infrastructures ont-ils raison ?

C’est la même chose avant chaque sommet. Kinshasa en 2012 et Dakar en 2014 n’avaient pas échappé aux critiques. Finalement, tout s’est bien passé. Les petits couacs, les retards à l’allumage… C’est cela aussi qui fait le sel d’un tel événement !

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