Madagascar : accueil VIP à Antananarivo pour le XVIe sommet de la Francophonie
« Contrairement à tout ce que l’on a pu dire jusqu’à présent, le XVIe sommet de la Francophonie sera une belle fête de la langue et des valeurs communes », tient à assurer Béatrice Atallah dans un large sourire.
Madagascar : nouveau départ ?
Près de trois ans après la fin de la crise politique et l’investiture du président Hery Rajaonarimampianina, Antananarivo aspire enfin à la stabilité et s’apprête à accueillir le XVIe sommet de la Francophonie, les 26 et 27 novembre.
Malgré les critiques récurrentes parues dans la presse locale ces derniers mois, la chef de la diplomatie malgache n’en démord pas : Antananarivo saura relever le défi. D’autant que, selon ses organisateurs, ce XVIe sommet devrait battre des records de participation.
« Une quarantaine de délégations, de chefs d’État et de gouvernement ont fait la promesse verbale de venir. À ce stade, on dépasse déjà les prévisions faites avant les sommets de Montreux, de Kinshasa et de Dakar, se réjouit Mamy Rajaobelina, le délégué général du comité d’organisation. Sans compter que, pour des raisons de sécurité, certains pays préfèrent ne pas faire d’annonce et arriver au dernier moment. »
Antananarine se fait belle !
Depuis quelques semaines, le ballet incessant des grues, tractopelles et autres rouleaux compresseurs rappelle que les préparatifs sont dans leur dernière ligne droite. Les Tananariviens voient ainsi se matérialiser de nouvelles routes, et certains bâtiments changer de visage. À commencer par l’aéroport international d’Ivato, qui a fait l’objet d’importantes transformations, menées pour l’essentiel par le consortium réunissant les français Aéroport de Paris (ADP), Bouygues et Colas.
La piste a été allongée de 500 m pour pouvoir accueillir des gros-porteurs (rien qu’entre le 25 et le 27 novembre, pour la conférence des chefs d’État et de gouvernement, une quarantaine d’appareils devraient y atterrir). Près du tarmac, le pavillon des présidents, terminal des VIP, agrandi de 400 m2, pourra accueillir trois délégations en même temps.
Plus de 390 véhicules, parmi lesquels 80 limousines, dont certaines blindées, et quelque 50 minibus, ainsi que 60 motards, ont été mobilisés pour assurer les allers-retours et escorter les personnalités entre le tarmac de l’aéroport, le Centre de conférences international tout proche, le Village de la Francophonie et les différents hôtels de la capitale. Construit en 2009 pour recevoir le sommet de la Francophonie finalement annulé en raison du coup d’État, le Centre de conférences international a été entièrement réaménagé avec du nouveau mobilier, et la salle plénière, qui doit recevoir les chefs d’État et leurs délégations, a été agrandie à 1 080 m2.
Nous n’avons pas fait dans le grandiloquent, il s’agit de bâtiments simples et fonctionnels
Quant au Village de la Francophonie, construit au bord de la route Digue (reliant l’aéroport d’Ivato à Antananarivo), il doit être inauguré en novembre. En seulement trois mois, l’Entreprise de travaux routiers et d’aménagements divers (Etrad) a réussi le pari de bâtir une dizaine de pavillons, soit un total de 3 000 m2, dont 400 m2 de superficie entièrement consacrés à Madagascar, 400 m2 à l’OIF et le reste pour les autres pays.
Le projet originel, qui était plus ambitieux et comprenait entre autres une immense salle de projection et un centre commercial, a été abandonné en juillet à la suite de problèmes financiers (une partie des fonds pour sa construction aurait été volée).
Hôtel cinq étoiles et dîner de gala
« Nous n’avons pas fait dans le grandiloquent, il s’agit de bâtiments simples et fonctionnels », explique Brigitte Razaka, la directrice d’Etrad. Mais avec ses jardinets, ses fontaines, son bar-restaurant et ses pavillons tout de simplicité, le nouveau site ressemble bel et bien à un village – « planétaire », puisqu’il doit entièrement être connecté au wifi. Pour rendre la circulation plus fluide pendant le sommet, deux nouvelles rocades reliant le centre de Tana à la route Digue ont été construites par la société chinoise China Road and Bridge Corporation (CRBC) dans le cadre du plan d’aménagement du Grand Tana.
Enfin, outre les 80 hôtels recensés pour recevoir un grand nombre des 3 000 visiteurs, le Sheraton d’Ivato ouvrira ses portes juste avant le sommet pour accueillir les principales personnalités (l’établissement cinq étoiles compte 262 chambres et 2 suites présidentielles).
Le dîner de gala et les déjeuners seront assurés par 5 chaînes de restauration, sous la houlette du chef malgache Luc Ratsimbazafy. Au menu : cuisine internationale, quelques plats végétariens et, surtout, des spécialités locales, comme le romazava (sorte de pot‑au-feu à base de viande de bœuf et de feuilles de brèdes mafana) et le ravitoto (ragoût aux feuilles de manioc pilées). Car la culture malgache passe aussi par son savoir-faire et son melting-pot culinaire.
Voix de femmes
La programmation musicale prévue pour le sommet de l’OIF fait la part belle aux artistes de la Grande Île, en particulier à ses chanteuses. Parmi les invités au Village de la Francophonie : Bloco Malagasy, un groupe de batucada composé de 200 jeunes filles entre 14 ans et 16 ans issues des quartiers populaires de Tuléar (côte sud-ouest de l’île), et la slameuse Caylah, 23 ans, désormais célèbre pour ses titres qui dénoncent la corruption et le difficile quotidien des Malgaches ainsi que pour ses séances de « slamothérapie » dans les prisons.
« Michaëlle Jean [secrétaire générale de la Francophonie] m’a plusieurs fois citée en exemple, ça me fait bizarre ! » confie la jeune chanteuse. On retrouvera Caylah dans le documentaire musical de Denis Sneguirev et Philippe Chevallier, Mada Underground, qui sera diffusé le 21 novembre sur France Ô, en prélude au sommet de la Francophonie.
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