À Djibouti, la décentralisation est en marche

Envisagée il y a dix ans, la décentralisation est remise à l’ordre du jour. Il s’agit désormais d’opérer le délicat transfert de compétences et de moyens de l’État vers les collectivités locales.

La Route nationale 1 qui relie le port de Djibouti à Addis Abeba © Vincent FOURNIER/Jeune Afrique

La Route nationale 1 qui relie le port de Djibouti à Addis Abeba © Vincent FOURNIER/Jeune Afrique

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Publié le 30 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Le port de Djibouti. © Patrick Robert
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C’est une première dans l’histoire de Djibouti. En mai, un ministère délégué à la Décentralisation a vu le jour lors de la formation du gouvernement, comme pour sanctionner le fait que l’aménagement du territoire reste un grand chantier à accomplir. Une tentative avait déjà été lancée en 2006, au lendemain des premières élections locales organisées dans le pays. « L’initiative était cependant restée sans suite », rappelle Hamidou Ongoiba, consultant pour le Pnud sur les questions de décentralisation, un sujet ô combien sensible en Afrique.

Une volonté politique en marche

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Ce Malien connaît bien les problématiques propres à Djibouti en la matière, puisqu’il avait déjà été dépêché sur place en 2006. Dix ans plus tard, il rouvre le dossier, avec cette fois le sentiment de pouvoir mener à bien sa mission. « La nomination d’un jeune ministre [Hamadou Mohamed Aramis], issu du développement local, témoigne de la prise de conscience des dirigeants politiques djiboutiens de l’importance de la réforme à mener », veut croire Hamidou Ongoiba, qui, à son arrivée à Djibouti, le 5 septembre, a rapidement eu confirmation de son impression.

En octobre, Hamadou Mohamed Aramis a réussi à réunir autour de la table huit ministres, dont plusieurs poids lourds du gouvernement, ainsi que les secrétaires généraux des autres ministères, sans oublier un représentant de la présidence.

« Il agit comme un véritable chef d’orchestre et, grâce à son sens de la diplomatie et au soutien du chef de l’État, il est en passe de gagner son pari », reprend l’expert malien. Lui est là pour aider le ministre à définir la feuille de route qui doit être mise en place afin, dans un premier temps, de procéder à la déconcentration des services publics hors d’une capitale qui représente à elle seule 75 % de la population du pays et 90 % de la formation des richesses.

La question fiscale

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Côté décentralisation, il ne semble pas nécessaire de démultiplier les niveaux de responsabilité et, donc, les coûts de fonctionnement pour se rapprocher de la population. Mais il reste à définir un cadre juridique pour accompagner les transferts de compétences de l’État vers les collectivités territoriales. « Le grand point d’interrogation concerne la définition d’une vraie fiscalité locale, même symbolique », souligne Hamidou Ongoiba.

Nombre d’expériences de décentralisation à travers le continent montrent que la faiblesse des taux de recouvrement fiscal empêche toute indépendance financière des collectivités locales. Souvent, les moyens de ces dernières se résument encore aux seules subventions accordées par l’État central ou par les bailleurs de fonds. «

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Il faudrait les convaincre de financer non pas les projets mais les structures qui en sont chargées, estime par ailleurs le consultant du Pnud. Encore faut-il pour cela que les compétences existent sur place. » C’est le cas dans les cinq chefs-lieux régionaux de Djibouti. « Reste à savoir s’ils ont les moyens techniques de remplir leurs missions pour accompagner cette décentralisation », s’interroge encore Hamidou Ongoiba, qui doit rendre son rapport à la fin de cette année.

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