Maroc : Ahmed Abbadi, le prêcheur de Mohammed VI
Ce spécialiste des religions déconstruit les lectures extrémistes de l’islam utilisées par le groupe État islamique (EI). Un élément clé du soft power marocain.
Le 22 novembre, la Ligue Mohammadia des oulémas, un think tank religieux placé sous la tutelle du roi du Maroc, a publié sept cahiers « scientifiques » qui déconstruisent le discours de Daesh sur le califat et le jihad. C’est la première fois que des oulémas battent en brèche les conceptions de leurs supposés « pairs » de l’État islamique. Un travail académique qui fait suite au discours très vigoureux de Mohammed VI sur le jihad prononcé en août.
Salafistes en prison
Ahmed Abbadi, le secrétaire général de cette Ligue, n’en est pas à sa première offensive contre les intégristes. Son dernier fait d’armes : la création d’un groupe de médiateurs religieux allant rencontrer les salafistes détenus dans les prisons du royaume pour défaire leurs idées sur le jihad et prévenir la radicalisation des jeunes.
Au cours des dix années passées au sein de la Ligue, il a mené une révolution tranquille pour connecter l’institution à la réalité des Marocains. Quinze centres de recherche sur des problématiques sociales ont été mis en place et contribuent à définir « l’islam du juste milieu » promu par la monarchie.
Docteur
Surnommé Mr Interfaith (« Monsieur Interreligieux ») dans les cercles chérifiens, Ahmed Abbadi est chargé de prêcher le soft power religieux marocain dans les meetings internationaux. « Il a une réflexion argumentée sur la radicalisation et il maîtrise l’anglais, sa deuxième langue après l’arabe », témoigne l’un de ses proches.
Ce docteur en études islamiques de l’université Cadi Ayyad de Marrakech âgé de 56 ans a déjà enseigné à Chicago, aux États-Unis, et à Rotterdam, aux Pays-Bas. Il est l’un des initiateurs de la réforme du champ religieux au Maroc, décrétée en 2004 par le roi après les attentats de Casablanca qui avaient fait 45 morts.
En avril 2004, il avait été nommé directeur au ministère des Habous et des affaires islamiques. En 2011, il est entré au Conseil économique, social et environnemental, où il plaide actuellement pour l’inclusion des jeunes par la culture et les nouvelles technologies.
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