Pas d’expansion pour l’industrie algérienne sans internationalisation

Leaders nationaux dans leur domaine, des groupes de l’est du pays ont entrepris de poursuivre leur essor hors des frontières.

Numéro un des yaourts en Algérie, Soummam exporte en Libye et en Mauritanie. © Omar Sefouane pour JA

Numéro un des yaourts en Algérie, Soummam exporte en Libye et en Mauritanie. © Omar Sefouane pour JA

Publié le 7 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Vue d’Alger. © Omar Sefouane pour Jeune Afrique
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L’Algérie à l’heure africaine

Le gouvernement et les entreprises cherchent de nouveaux partenaires, de préférence sur le continent. Un tournant majeur que vient consacrer le Forum africain d’investissements et d’affaires, organisé par l’État et le patronat du 3 au 5 décembre.

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Issu d’une famille d’industriels qui avait à son actif la création de plusieurs grandes entreprises, Ramdane Batouche, 50 ans, est le PDG de Général Emballage (GE), qu’il a fondé en 2002. La société s’est rapidement imposée comme le leader du carton ondulé sur le marché algérien.

Avec un effectif de 1 100 employés, trois sites de production couvrant l’est, l’ouest et le centre du pays et totalisant une capacité de production de 200 000 tonnes par an, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 88 millions d’euros. « Si nous devons continuer à nous développer, il nous faut nous internationaliser », estime Ramdane Batouche.

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Des débuts dans l’embouteillage

Présente sur le marché tunisien depuis 2008, où elle y a réalisé un chiffre d’affaires de près de 2,5 millions d’euros en 2015, l’entreprise effectue également des expéditions vers la Libye depuis 2014, et elle vient de concrétiser ses premières opérations vers la Mauritanie et vers l’Espagne.

« Cette année, nous visons aussi le marché français, où nous avons déjà un embryon de représentation, et nous avons établi des contacts assez prometteurs avec des opérateurs marocains. Notre objectif est de réaliser 25 % d’exportations d’ici à 2020, car nos capacités de production actuelles ne peuvent être absorbées par le marché algérien », estime Mohamed Bessa, directeur de la communication et du département exportation de GE.

Fils de paysans originaires d’Ighzer Amokrane, en Basse Kabylie, Laïd Ibrahim a ouvert sa première usine d’embouteillage d’eau minérale, Ibrahim et Fils (Ifri), en juillet 1996. Pionnière dans l’utilisation des bouteilles en polytéréphtalate d’éthylène, la marque se diversifie très vite en produisant des sodas et des jus de fruits avant de s’imposer comme le leader national dans son domaine.

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Aujourd’hui, le groupe dispose de 4 usines spécialisées qui intègrent les lignes de production de boissons et de préformes de bouteilles (depuis 1999, il fabrique ses propres bouteilles via sa filiale General Plast), et emploie 1 800 personnes. Il table sur un chiffre d’affaires de 128 millions d’euros pour l’exercice 2016.

À l’étroit

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Eaux minérales plates et gazéifiées, boissons fruitées, sodas premium sans colorants ni conservateurs… Ifri propose 85 références distribuées sur tout le territoire national et exportées en Tunisie, en Libye, au Sénégal, en Arabie saoudite, en France, au Royaume-Uni et au Canada – où la diaspora algérienne est importante. Depuis 2015, l’entreprise exporte à la fois des boissons et des préformes de bouteilles en Tunisie, et des négociations sont en cours avec de nouveaux partenaires au Maroc, en Mauritanie, en Belgique, en Espagne, au Luxembourg et à Dubaï.

Les prévisions de vente à l’export pour 2016 sont de l’ordre de 22 millions de dinars (186 000 euros). « Le made in Algeria n’est pas encore reconnu sur la place mondiale, et le secteur est très concurrentiel, mais nous avons un bon produit, une notoriété, et nous sommes connus d’un point de vue qualitatif », estime Frédéric Mizioui, le directeur général du groupe.

Nos capacités nous poussent à exporter

Fondée en 1993 par Lounis Hamitouche, self-made-man originaire d’un village du Djurdjura, la petite laiterie Soummam est devenue le numéro un du yaourt, des crèmes dessert et du lait UHT en Algérie. Dans ses deux usines d’Akbou, en Basse Kabylie, le géant de l’agroalimentaire emploie 1 618 personnes, produit 2 200 t de produits laitiers frais par jour et compte diversifier son offre, notamment en se lançant dans la production de fromage frais en 2017.

Forte d’un chiffre d’affaires de 388 millions d’euros, dont 2,185 millions à l’export, pour l’exercice 2015, la société se sent désormais à l’étroit en Algérie. « Nos capacités nous poussent à exporter », confirme Aziz Hamitouche, l’un des cogérants de l’entreprise. Depuis des années, Soummam exporte vers la Libye, et depuis peu vers la Mauritanie. Mais pour Lounis Hamitouche, PDG fondateur de Soummam, les obstacles restent nombreux.

« La première difficulté vient de la taxe douanière, qui est de 30 % pour les produits algériens, alors qu’elle n’est que de 18 %, par exemple, pour les produits tunisiens », regrette-t‑il. Il estime par ailleurs que les délais d’attente aux frontières sont trop longs pour des produits fragiles et périssables comme les laitages. Selon lui, l’État algérien doit intervenir pour accompagner et aider les industriels à exporter leurs produits en négociant au mieux facilités, taxes et tarifs douaniers.

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