Cinéma : « Le Gang des Antillais », de Jean-Claude Barny
L’Antillais Jimmy Larivière fait partie de la « génération Bumidom », du nom de ce programme diffusé à l’époque du général de Gaulle et de Michel Debré et qui consistait, pour aider les jeunes d’outre-mer à trouver du travail, à les inciter à émigrer en métropole où les attendaient des emplois publics.
En réalité, les bénéficiaires, déracinés, ont surtout été condamnés à des salaires de misère et à une souffrance terrible. Larivière ne trouve pas d’autre moyen pour exprimer sa révolte face à cette situation insupportable que de rejoindre une bande de braqueurs, laquelle commettra une vingtaine de hold-up dans des bureaux de poste.
Ce « gang des Antillais » est dirigé par un militant indépendantiste, surnommé Politik, qui considère que cette forme de banditisme est parfaitement justifiée par la lutte qu’il mène pour l’émancipation des populations caribéennes. Il finira bien entendu en prison, où il rencontrera un éducateur nommé Patrick Chamoiseau qui lui fera découvrir Frantz Fanon et Chester Himes.
L’histoire du Gang des Antillais, on l’a compris, est une histoire authentique, même si son adaptation a été romancée. Elle s’appuie sur le livre de Loïc Léry – le vrai nom de Larivière –, paru en 1985. Le film du réalisateur guadeloupéen Jean-Claude Barny la raconte comme un polar, sans négliger son aspect politique, même si le mélange des deux genres a parfois du mal à convaincre. En résulte un « thriller nègre », comme le dit son auteur, sans doute un peu schématique mais instructif et fort bien joué.
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