Sénégal : le Musée des civilisations noires de Dakar, un écrin en quête de contenu

Imaginé par Senghor et relancé sous Wade, le Musée des civilisations noires (MCN) devrait ouvrir ses portes au premier semestre de 2017. Reste à trouver de quoi remplir ses immenses salles.

L’architecture du musée s’inspire de la forme des cases traditionnelles. © YOURI LENQUETTE POUR JA

L’architecture du musée s’inspire de la forme des cases traditionnelles. © YOURI LENQUETTE POUR JA

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Publié le 19 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

La ville de Dakar, en mars 2008. © REBECCA BLACKWELL/AP/SIPA
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Sénégal : objectif 2017

Place sur l’échiquier africain, résultats économiques, dynamique sociale… Où en est le pays depuis le début du septennat de Macky Sall, en 2012 ? Pour l’exécutif comme pour l’opposition, les législatives de juin prochain auront valeur de premier grand test.

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L’édifice est imposant. Autant, si ce n’est plus, que le Grand Théâtre national auquel il fait face, au Plateau, dans le centre de Dakar. Un immense bâtiment circulaire planté au-dessus du port, à l’architecture inspirée du patrimoine local : une forme ronde reprenant celle des cases traditionnelles avec, au dernier étage, un puits de lumière rappelant les impluviums de l’habitat coutumier de Casamance.

Une idée lancée par le président Senghor 

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Après plusieurs décennies d’attente, le Musée des civilisations noires (MCN) est enfin sorti de terre. Lancée par l’ancien président Léopold Sédar Senghor, après la réussite du Festival mondial des arts nègres organisé dans la capitale sénégalaise en 1966, l’idée d’un vaste établissement dédié aux cultures africaines était peu à peu tombée dans l’oubli. C’est Abdoulaye Wade qui la réactive dans les années 2000. Il confie la réalisation du projet à l’entreprise chinoise Shanghai Construction Group et pose la première pierre en décembre 2011. Mais, en raison de l’alternance, les travaux ne démarreront véritablement que sous son successeur, Macky Sall, en décembre 2013. Ils dureront deux ans.

Désormais en phase de finition, ce musée moderne, d’une superficie totale de 15 000 m² sur 4 niveaux – dont près de 5 000 m² de surface d’exposition – a déjà coûté 20 millions de dollars (environ 18,5 millions d’euros). L’ambition affichée par les autorités est claire : devenir « le » plus grand musée du continent consacré aux civilisations africaines. « Nous n’allons pas en faire un lieu nostalgique et ethnographique, qui serait une sorte d’avatar des expositions coloniales du début du XXe siècle, mais plutôt un musée contemporain et dynamique, en mouvement permanent », explique, le ton enjoué, le Pr Hamady Bocoum, directeur général du futur établissement.

Phase de peaufinage

Dans le massif hall d’entrée aux couleurs ocre et chaudes, cette figure reconnue de la communauté scientifique sénégalaise – par ailleurs directeur de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), rattaché à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar –, entend faire du musée « un lieu de rencontre civilisationnelle et de dialogue entre les cultures ». L’équipe dirigeante souhaite notamment travailler de manière thématique, combinant expositions temporaires et collection permanente.

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Grâce à leurs cloisons amovibles, les différentes galeries sont modulables et permettront de s’adapter à ces différents événements. Le musée dispose par ailleurs d’un auditorium de 150 places, qui accueillera des séminaires et des colloques spécialisés. Enfin, une terrasse et une grande galerie ouverte occupent le dernier étage, que les concepteurs envisagent comme un espace public de médiation culturelle.

Fourniture d’œuvres

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Reste à remplir toutes ces immenses salles encore vides. Outre le patrimoine sénégalais, quelques statues et masques d’Afrique centrale sont déjà stockés dans les zones de réserves du musée, dont les taux de luminosité et d’humidité sont réglés pour une conservation optimale. Mais cela ne saurait suffire. Pour compléter la future collection, des partenariats sont donc à l’étude avec plusieurs autres établissements africains, comme le Musée national du Mali.

Hors du continent, des contacts ont été pris, notamment avec le Musée du quai Branly, à Paris, et le Musée royal de l’Afrique centrale, à Tervuren, en Belgique. Les autorités égyptiennes se sont également engagées à donner ou à prêter plusieurs pièces.

Une fois ces accords conclus et les derniers paramètres techniques réglés, une date d’inauguration officielle du musée pourra être fixée. Initialement prévue pour le 26 novembre, elle a été reportée sine die. « Nous ne sommes pas encore tout à fait prêts. Nous visons plutôt le courant du premier semestre de 2017 », explique-t-on à la présidence. Dans les coulisses, certains rêvent d’une date d’ouverture symbolique : le 4 avril, jour de la fête de l’Indépendance au Sénégal.

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