Haïti : Jovenel Moïse alias « Monsieur Banane » a la frite

Novice en politique il y a encore un an, ce planteur prospère a été élu président d’Haïti. Avec l’appui des milieux d’affaires.

Le nouveau président haïtien se décrit comme un « petit paysan noir ». © Luz Sosa/XINHUA-REA

Le nouveau président haïtien se décrit comme un « petit paysan noir ». © Luz Sosa/XINHUA-REA

Publié le 6 décembre 2016 Lecture : 1 minute.

Vingt mois après le début d’une campagne agitée, et après que le scrutin a été reporté à la suite du passage, en octobre, de l’ouragan Matthew (1 000 morts), l’élection présidentielle a consacré un novice en politique. Jovenel Moïse, candidat du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK), de l’ex-chef de l’État Michel Martelly, l’a largement emporté dès le premier tour, le 20 novembre, avec 55,67 % des suffrages. Un score à relativiser : la faiblesse du taux de participation (21 %) fragilise la légitimité du nouvel élu.

Un antisystème plein de ressources

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« Moïse a pu s’appuyer sur une campagne très professionnelle, il a fait mouche auprès des paysans pauvres en promettant d’axer le développement sur le secteur agricole », juge John Miller Beauvoir, consultant politique basé à Port-au-Prince. Jovenel Moïse, 48 ans, est né dans une famille modeste de Trou-du-Nord. Il a donc joué sur cette image de « petit paysan noir » pour séduire son électorat.

« C’est ainsi qu’il s’est construit une réputation de candidat antisystème », résume Frantz Duval, rédacteur en chef du journal Le Nouvelliste. Un storytelling bien rodé… et pas tout à fait exact. Car, depuis ses débuts modestes, « Monsieur Banane » (surnom qu’il a gagné après avoir fait fortune dans des plantations bio) est devenu le champion des élites politiques et économiques. Il a confié l’organisation de sa campagne à OstosSola, une agence de communication espagnole qui avait travaillé pour Martelly.

« Il compte aussi sur le soutien financier très discret des familles d’affaires de Port-au-Prince », commente Samy Janvier, spécialiste en passation de marchés publics. De quoi susciter la colère de ses rivaux, qui l’accusent d’avoir dépensé autant en frais de campagne que les vingt-six autres candidats réunis. Ses trois adversaires principaux ont d’ailleurs contesté les résultats, qui devraient être validés officiellement le 29 décembre.

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