Seul 1 Anglais sur 5 estime que la colonisation a été une mauvaise chose

Si un peu plus de quatre Anglais sur dix considèrent que l’Empire britannique a été une bonne chose, seul un sur cinq estime que la colonisation en a été une mauvaise.

Des rebelles Mau-Mau enfermés dans une réserve kikuyue par les colons anglais en octobre 1952, au Kenya. © AFP

Des rebelles Mau-Mau enfermés dans une réserve kikuyue par les colons anglais en octobre 1952, au Kenya. © AFP

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Publié le 13 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Carte des possessions italiennes en Afrique (1896). © Bibliothèque nationale de France
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Colonisation : qu’en dit l’école ?

Dans une Europe en pleine crise identitaire, l’enseignement du passé colonial dans les écoles fait débat. Que disent vraiment les manuels scolaires sur cette période ? De Berlin à Londres, en passant par Bruxelles, Paris, Rome et Lisbonne, Jeune Afrique a mené l’enquête.

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Ce sondage, publié au début de l’année par l’institut Yougov, illustre à lui seul un clivage persistant au sein de la société anglaise quand il s’agit d’évoquer son histoire.

À l’école, le sujet est abordé a minima, d’abord à travers le prisme de la compétition mondiale pour l’acquisition de nouveaux territoires, puis sous l’angle de la recherche de matières premières destinées à soutenir la révolution industrielle.

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L’historien d’origine nigériane David Olusoga précise : « Le rôle de la Grande-Bretagne dans l’abolition de l’esclavage est largement mis en avant, celui qu’elle a tenu dans la mise en place de ce système, lui, est minimisé. À propos de l’Empire et de la colonisation, une amnésie collective occulte les niveaux de violence que cela a représenté. » Alors que le royaume contrôlait jusqu’à un cinquième de la population mondiale au début des années 1920.

Indemnisations 

Certains faits viennent pourtant rappeler la réalité : après quatre ans de batailles judiciaires, Londres a par exemple accepté en 2013 d’indemniser 5 228 Mau-Mau à hauteur de 20 millions de livres (environ 23,4 millions d’euros), reconnaissant enfin la répression sanglante de la révolte des Kikuyus que l’Empire britannique avait menée au Kenya de 1952 à 1960, et qui aurait entraîné la mort de 10 000 à 100 000 d’entre eux selon les sources.

La déportation de quelque 30 000 personnes lors de la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud, à la fin du XIXe siècle, est elle aussi passée sous silence. Pour le chef du Parti travailliste (gauche), Jeremy Corbyn, « nous devrions enseigner que l’expansion britannique s’est faite au détriment d’autres peuples ».

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Aspects positifs

De fait, les cours dispensés aux écoliers anglais ne s’attardent guère sur ces épisodes. La colonisation est certes définie comme « le contrôle forcé d’une nation par une autre », mais quand il s’agit d’évoquer la violence de la situation, le cas cité n’est pas anglais : « La domination coloniale en de nombreux endroits, en particulier au Congo, était nauséabonde », peut-on lire dans une présentation mise à disposition des enseignants sur la Toile.

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Enfin, ses aspects négatifs sont mis en balance avec ses aspects positifs pour l’Afrique : « Des écoles et des hôpitaux ont été édifiés. Des routes et des chemins de fer ont été construits. L’économie a progressé. La santé a été améliorée. Les nouvelles technologies ont élevé le niveau de vie. »

David Olusoga, auteur de Black and British : A Forgotten History, son dernier ouvrage, veut aller plus loin. « D’où venait le coton qui a permis l’expansion des filatures anglaises lors de la révolution industrielle ? » interroge-t‑il. Pour lui, l’exploitation des peuples par l’empire devrait être « un élément central de l’histoire britannique ».

« Il ne s’agit pas d’inculquer la honte ou la culpabilité. Aucun Anglais n’est aujourd’hui un négrier ou un colon. Mais de reconnaître, d’enseigner la vérité, et de réconcilier le pays avec son passé », conclut l’historien.

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