Matières premières : le cuivre reprend des couleurs
Au plus bas depuis un an, le cours du métal rouge connaît un rebond spectaculaire. Les causes : l’élection de Donald Trump aux États-Unis et le regain d’intérêt des groupes chinois pour la filière. Explications.
Le prix du cuivre a connu ces trois derniers mois une hausse sans précédent depuis cinq ans, atteignant 5 935 dollars la tonne le 29 novembre, soit 25 % de plus qu’en septembre et son niveau le plus haut depuis juin 2015. Ce rebond, particulièrement prononcé depuis le 8 novembre, s’explique en partie par l’élection de Donald Trump, qui a donné l’espoir aux investisseurs d’un grand plan d’infrastructures aux États-Unis et donc d’une hausse importante de la consommation du métal rouge.
« Derrière cette montée des prix, il y a clairement un mouvement spéculatif, car les États-Unis pèsent à peine 6 % de la demande de cuivre », tempère toutefois Yves Jégourel, professeur d’économie à l’université de Bordeaux (France), qui prévoit une correction, dans les prochaines semaines, de cet optimisme démesuré.
Une forte demande
Reste que, selon Magnus Ericsson, analyste et professeur d’économie minière à l’Université technologique de Lulea, en Suède, les fondamentaux du marché – l’équilibre entre l’offre et la demande – sont de nouveau plutôt bien orientés. « On a sous-estimé l’importance de la demande chinoise, qui reste soutenue. Le cuivre est un minerai dont l’empire du Milieu a besoin dans sa phase actuelle de développement économique, et il ne dispose pas de réserves suffisantes et accessibles à bas prix », explique le Suédois, qui était en octobre en Chine pour rencontrer des professionnels du secteur minier.
« Dans le même temps, ajoute-t-il, des projets ont été suspendus, comme ceux de Glencore en Zambie et en RD Congo, et d’autres gisements ont connu des problèmes de production, notamment au Pérou, ce qui a entraîné une quasi-stagnation de la production en 2016. » Selon Magnus Ericsson, les cours du cuivre ont touché leur niveau plancher en janvier 2016 (4 310 dollars la tonne le 18 janvier).
C’est sur la même analyse des fondamentaux que les deux grands producteurs mondiaux, le suisse Glencore et l’anglo-australien Rio Tinto, se fondent pour parier sur le cuivre : le Sud-Africain Ivan Glasenberg, patron du premier, tout comme le Français Jean-Sébastien Jacques, directeur général du second, ont confirmé avoir confiance dans la filière. « À court terme, pour 2017 et même 2018, il est évident que le marché du cuivre est mieux orienté et moins sensible aux risques géopolitiques que celui du fer, un minerai davantage utilisé dans les premières phases du développement économique que dans les dernières », note Magnus Ericsson.
Acquisitions chinoises
Alors que le cours du métal reste encore bas par rapport à son niveau d’entre 2010 et 2014, quand il se maintenait entre 6 000 et 10 000 dollars la tonne, la période paraît opportune aux yeux des groupes chinois, avec des acquisitions à prix intéressants et des coûts de production et de développement bien moindres qu’en période faste – et ce d’autant plus que les taux de change sont avantageux, avec des monnaies locales faibles face à un dollar fort.
« Les Chinois, qui, contrairement à leurs concurrents anglo-saxons, disposent d’une bonne trésorerie, ont réalisé plusieurs opérations, notamment en RD Congo, qui recèle de nombreux gisements très attractifs », note Magnus Ericsson, citant la tentative de rachat en cours, par China Molybdenum, de la grande exploitation de Tenke Fungurume, pilotée jusqu’alors par l’américain Freeport-McMoRan.
Sur le continent, qui représente environ 11,5 % de la production mondiale – essentiellement en Zambie et en RD Congo –, de nouveaux projets pourraient donc voir le jour dans le cuivre. Appuyés par Pékin et par les banques de leur pays, les groupes chinois, jusqu’alors simples acheteurs de minerais, n’hésitent plus à saisir des occasions pour devenir de véritables opérateurs de mines.
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