Architecture : la médina culturelle de Rachid El Andaloussi

Concepteur du plus grand théâtre d’Afrique et du monde arabe, à Casablanca, l’architecte le plus réputé du royaume milite pour que sa ville natale soit inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.

Jeux d’ombres et de lumières caractérisent son style architectural. © naoufal sbaoui pour ja

Jeux d’ombres et de lumières caractérisent son style architectural. © naoufal sbaoui pour ja

Publié le 14 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

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Sur la place Mohammed-V de Casablanca se déploie un voile de moucharabieh en terre cuite et en résine. Les travaux du Grand Théâtre, le plus grand d’Afrique et du monde arabe, vont bon train. Sa livraison est attendue pour septembre 2017. Conçu par deux architectes, le Marocain Rachid El Andaloussi et le Français Christian de Portzamparc, le Grand Théâtre, baptisé CasArts, se veut une « médina culturelle » consacrée à tous les arts de la scène – théâtre, danse, musique, comédie musicale – qui doit permettre les rencontres et la mixité sociale. « La vocation de la place Mohammed-V est avant tout de rendre l’espace au citoyen et de ramener l’art dans l’espace public », souligne Rachid El Andaloussi.

Dispositif scénographique transformable, CasArts s’étend sur près de 25 000 m2. Il pourra accueillir des concerts en plein air pour 35 000 personnes et comprendra une salle de spectacle de 1 800 places, un théâtre de 600 places, une salle d’exposition et une galerie d’art, des salles de répétition… Coût du projet : 1,5 milliard de dirhams (près de 137 millions d’euros). Pour Rachid El Andaloussi, 60 ans, né à Casablanca, c’est la consécration. L’architecte le plus réputé du royaume, connu pour ses engagements culturels et politiques, a suivi un parcours sans faute. Diplômé de l’École spéciale d’architecture de Paris, il rentre au Maroc en 1986. Quatre ans plus tard, il ouvre son propre cabinet à Casablanca avant de devenir conseiller à l’urbanisme du wali de la ville, Driss Benhima, entre 2000 et 2002. Il enseignera également à l’École d’architecture de Rabat.

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Son style architectural s’exprime par des lignes horizontales, l’usage du blanc, les jeux d’ombres et de lumières. Parmi les architectes qu’il admire, il cite volontiers l’Américain Richard Meier, l’architecte de la lumière, mais aussi ses confrères Taoufik El Oufir et Fikri Benabdallah, avec lesquels il a constitué un temps le groupement pluridisciplinaire Confluences, réunion d’architectes urbanistes marocains. À l’actif de ce travail collectif : la réhabilitation de la médina d’Azemmour et l’aménagement de la vallée du Bouregreg, à Rabat.

Acteur de la transformation du royaume, Rachid El Andaloussi est aussi un ardent défenseur du patrimoine Art déco de sa ville natale. En 1995, il participe à la création de l’association Casamémoire. La Ville blanche fut en effet un terrain d’expérimentation pour nombre d’architectes et d’urbanistes européens et américains. On y retrouve tous les courants avant-gardistes testés entre 1920 et 1975 : Art nouveau, néoclassicisme, Art déco, fonctionnalisme, hygiénisme, brutalisme.

Rachid El Andaloussi milite pour que Casablanca soit inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco. Ce combat, il le mène aussi en tant que président de la branche de DoCoMoMo au Maroc, mouvement qui réunit des spécialistes de l’urbanisme, du paysage et des sciences sociales. Trop souvent, les politiques mettent en avant le coût élevé de la restauration des édifices historiques pour ne rien faire, mais, selon l’architecte, c’est un mauvais calcul. Leur conservation, rappelle-t-il, est aussi un facteur de développement économique à travers le tourisme.

Christelle Marot

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