Lac Tchad : un berceau d’humanité devenu centre d’accueil de réfugiés

Les réfugiés et déplacés sont toujours plus nombreux autour du Lac Tchad. Un afflux que l’État doit gérer alors que les ressources s’amenuisent.

Un camp de réfugiés du Lac Tchad, côté nigérian, en avril 2016. © Andrew Harnik/AP/SIPA

Un camp de réfugiés du Lac Tchad, côté nigérian, en avril 2016. © Andrew Harnik/AP/SIPA

Madjiasra Nako

Publié le 30 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

La place de la Nation à N’Djamena. © Abdoulaye Barry pour JA
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Pétrole et terrorisme : double choc pour le Tchad

Le pays est confronté à la fois à une crise financière sans précédent et aux attaques de Boko Haram. Idriss Déby Itno est contraint d’entamer son cinquième mandat sous le signe de l’austérité. Et de convaincre qu’il n’a pas d’autre choix.

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Ils viennent du Soudan, à l’est, de la Libye, au nord, de Centrafrique, au sud, du Cameroun, du Niger ou encore du Nigeria, à l’ouest. Le pays compte aujourd’hui près de 600 000 réfugiés étrangers sur son sol, en particulier dans la région du lac Tchad, où se concentre la lutte contre Boko Haram.

« Nous sommes obligés de les nourrir, de leur trouver des vêtements, de soigner ceux qui ont des plaies, explique Dimoya Souapébé, préfet du département de Kaya, sur les rives du lac. Cela dans un contexte économique particulier, où la hiérarchie interdit toute réquisition de fonds… Ce n’est pas facile, mais il faut le faire pour rassurer les autres éléments de Boko Haram qui veulent abandonner les armes et rentrer. » En effet, après avoir accueilli pendant de longs mois les flots de réfugiés qui fuyaient la secte islamiste, la région du lac accueille depuis la fin de l’hivernage des membres de Boko Haram en reddition. Fin novembre, ils étaient un millier.

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Un contingent qui s’ajoute aux 5 000 civils réfugiés dans cette même région, sans compter les milliers d’habitants des îles contraints de rejoindre la rive tchadienne pour échapper aux assauts réguliers des jihadistes. Autant de nouveaux venus avec lesquels les populations autochtones doivent partager des ressources déjà affectées par les mauvaises conditions climatiques. Dans l’ouest et le sud du pays, les conflits autour de l’utilisation du bois de chauffe et des champs sont désormais récurrents.

Selon une étude commandée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, ces bouleversements ont aussi provoqué des mutations au sein des populations du lac, aux mœurs jusqu’alors très féodales. « Ce qui était perçu comme le modèle de réussite sociale s’est écroulé, souligne l’auteur de l’étude, Frédéric Romba Millet. Désormais, l’homme modèle est celui qui détient un savoir acquis à l’école. C’est pour cela qu’il faudra encourager la scolarisation des jeunes, pour qu’ils soient les leviers du changement dans la région. »

Les agences de l’ONU et les ONG s’inquiètent cependant de la diminution de l’aide internationale. « En ce moment, les fonds vont prioritairement en Syrie et en Irak, ce qui complique les choses pour nous », confirme un diplomate onusien. D’autant que sur les centaines de milliers de personnes « en situation de déplacement » recensées au Tchad, très peu envisagent un retour vers leur pays d’origine. Ce qui implique que les efforts de l’État tchadien, des populations locales et des organisations internationales pour assurer leur sécurité et leur vie au quotidien doivent continuer, malgré la conjoncture.

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