Art : à Paris, l’Afrique, c’est chic
L’art africain devient-il bankable ? En tout cas, en 2017, le nombre de manifestations certifiées made in Africa explose dans la capitale française.
Afrique – France : quel avenir ?
Le sommet – le dernier de François Hollande – qui se tenait à Bamako les 13 et 14 janvier est l’occasion d’établir l’état des lieux des relations entre Paris et le continent. Mais aussi d’envisager leur évolution.
Les arts africains ont actuellement tout pour plaire. Les plasticiens originaires du continent, certes moins connus que leurs confrères occidentaux, sont aussi plus abordables. L’Afrique intrigue, et pas moins de 15 000 visiteurs se sont pressés à la foire Akaa (Also Known As Africa), en novembre. Cette fringale africaine se diffusera dans tout le pays courant 2017. Le festival d’Avignon prévoit en effet un « focus Afrique », tandis que Lille reprendra en partie la manifestation 100 % Afriques, attendue à la Villette.
100 % Afriques, à laVillette
Difficile d’imaginer ce que sera la manifestation prévue dans le plus grand parc urbain de Paris du 23 mars au 21 mai, car le programme définitif n’est pas encore arrêté. Ce qui est sûr, c’est qu’il va retourner la Villette. La Grande Halle, le parc de 55 ha et les nombreux bâtiments qui s’y trouvent seront tous investis pour l’occasion par une soixantaine d’artistes, toutes disciplines confondues : arts plastiques, musique, danse, architecture, cinéma, mode et même création culinaire !
L’un des chefs d’orchestre de la manifestation n’est autre que l’écrivain et commissaire d’exposition Simon Njami, cofondateur de Revue noire, qui supervise l’exposition « 100 % Afriques capitales ». Il promet une visite surprenante, avec des œuvres accrochées dans des baraques, un labyrinthe de papier, une maison inversée, un souk façon cabinet de curiosités contemporain…
Autre temps fort déjà planifié, un parcours sonore à travers les rues de « Kin la belle » aux côtés de l’ovni électro tchadien Afrotronix, du rappeur américain Young Paris et surtout du groupe hypnotique de la RD Congo Mbongwana Star.
Trésors de l’islam en Afrique, à l’Institut du monde arabe
Comment évoquer un sujet aussi ambitieux que les échanges culturels entre l’Afrique subsaharienne, le Maghreb et le Moyen-Orient sur treize siècles ? En y mettant les (très) grands moyens. Pour son exposition du 13 avril au 30 juillet, l’Institut du monde arabe a prévu de réunir plus de 300 œuvres sur quelque 1 100 m².
Le parcours fera d’abord découvrir les trois espaces artistiques qui se dessinent grâce aux réseaux de négoce : la Corne de l’Afrique et la vallée du Nil, l’aire swahilie et l’Afrique de l’Ouest. Deuxième temps fort, les visiteurs seront plongés au cœur de la foi musulmane au travers de vidéos : cérémonies soufies, architecture religieuse, pratiques cultuelles, rites magiques…
L’exposition s’attardera enfin sur l’art et l’artisanat issus de la culture arabo-musulmane et diffusés sur tout le continent : boubous brodés, bijoux en argent, amulettes et cuirs touaregs. Des œuvres d’art récentes, signées Hassan Musa, Abdoulaye Konaté, Youssef Limoud et Aïda Muluneh, seront exposées près de leurs lointaines aînées pour faire contrepoint.
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Art Paris Art Fair, au Grand Palais
Après l’Asie, l’Afrique ! Prévue du 30 mars au 2 avril sous la majestueuse coupole du Grand Palais, la foire d’art contemporain Art Paris Art Fair s’intéresse depuis sa création en 2012 aux scènes étrangères. Cette fois, sous le commissariat de Marie-Ann Yemsi, née de parents allemands et camerounais, elle s’attachera à « promouvoir la richesse et la diversité de la création contemporaine d’une Afrique plurielle et ouverte au monde ».
Un symposium, un programme vidéo et des « projets spéciaux » sont annoncés pour venir « offrir d’autres perspectives sur l’énergie et la fertilité créative de ce continent ». Art Paris Art Fair, qui accueille 143 exposants venus d’une vingtaine de pays, s’attend à recevoir près de 60 000 visiteurs.
Les œuvres s’y négocient en général entre 5 000 et 20 000 euros, et certaines galeries y réalisent jusqu’à un tiers de leur chiffre d’affaires annuel. L’événement est donc incontournable, pour les participants comme pour les amateurs d’art. Léo Pajon
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