Europe : « la social-démocratie reste une force incontournable »
Pour Fabien Escalona, docteur en sciences politiques rattaché à Sciences-Po Grenoble, le socialisme a de l’avenir en Europe.
Jeune Afrique : La social-démocratie est-elle moribonde ?
Fabien Escalona : Oui en Grèce, aux Pays-Bas ou en Islande. Mais rares sont les cas où elle s’effondre véritablement. Elle reste une force incontournable, et ce, malgré l’érosion que connaissent depuis les années 2000 les partis qui s’en réclament dans les vieilles démocraties, et qui fait tache d’huile en Europe orientale et centrale.
Quels sont ses handicaps ?
Face à la crise économique de 2008 et à celle des migrants, la social-démocratie n’a pas su émettre d’idées nouvelles. Le comportement technocratique de ses dirigeants a stérilisé ses capacités à élaborer des programmes. Et puis l’Europe de Bruxelles n’est pas favorable aux politiques redistributives et de correction du marché qui sont l’apanage de la social-démocratie. Enfin, celle-ci est divisée : sur le dossier grec, par exemple, on a vu des divergences entre socialistes allemands et socialistes d’Europe du Sud.
Peut-elle renaître ?
Soit elle se rapproche du centre droit pour cogérer avec elle, sur une ligne économique orthodoxe, et elle continuera à perdre de son originalité. Soit elle se réinvente en optant pour une ligne plus radicale, comme Jeremy Corbyn tente de le faire au Royaume-Uni, mais ce n’est pas là tâche aisée.
Tous les sociaux-démocrates n’évolueront pas dans le même sens : dans les pays où ils sont sous pression sur leur gauche, comme en Espagne avec Podemos, ils se gauchiseront. Dans les pays où la droite dure est menaçante, ils chercheront simplement à limiter les dégâts.
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