Nicaragua : Rosario Murillo, la diablesse de Managua

Première dame et femme à poigne, l’épouse du président sandiniste Daniel Ortega cumule les fonctions de porte-parole du gouvernement et de vice-présidente. Polémique assurée…

Rosario Murillo : ses ennemis l’appellent la Bruja, « la sorcière ». © Oswaldo Rivas/REUTERS

Rosario Murillo : ses ennemis l’appellent la Bruja, « la sorcière ». © Oswaldo Rivas/REUTERS

Publié le 15 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Avec ses tenues bariolées et sa kyrielle de bijoux, elle ne passe pas inaperçue. Rosario Murillo, 65 ans, est partout : porte-parole du gouvernement depuis dix ans, vice-présidente depuis la réélection de son mari, le sandiniste Daniel Ortega, à la présidence (le 6 novembre 2016, il a obtenu un quatrième mandat) et, bien sûr, première dame du Nicaragua. Ces derniers mois, l’ancien guérillero (qui a déjà été chef de l’État entre 1985 et 1990, avant de reprendre les rênes du pouvoir en 2006) apparaissait toujours sur ses affiches électorales au côté de celle que ses détracteurs surnomment la Chamuca (« la diablesse ») ou la Bruja (« la sorcière »). Bref, il gouverne en tandem avec la mère de ses sept enfants.

Sur tous les fronts

la suite après cette publicité

Et cette femme à poigne, qui maîtrise l’anglais et le français – elle a fait une partie de ses études en Grande-Bretagne et en Suisse –, façonne le pays à sa guise. Fidèle du gourou indien Sai Baba, entichée de symboles mayas et d’esthétique New Age, Rosario Murillo n’a pas hésité à dépenser 800 000 dollars pour faire installer des « arbres » métalliques de 15 m de hauteur le long des routes de Managua, la capitale, alors que la population vit avec moins de deux dollars par jour (1,90 euro).

Programme contre la famine, réaménagements urbains, alliance avec les Églises catholique et évangélique… C’est elle qui élabore toute la politique sociale du pays. Elle aussi qui contrôle l’ordre du jour de la présidence, régente la prise de parole des ministres et la communication de son mari. Chaque jour à midi, elle s’adresse aux Nicaraguayens sur les ondes de deux radios et sur trois chaînes de télévision.

Auteure de recueils de poésie, Rosario Murillo rencontre Daniel Ortega en 1978 alors qu’ils sont tous deux membres du Front sandiniste de libération nationale et en exil au Costa Rica. Ils ne se quitteront plus. La jeune femme a trois enfants issus de ses deux premiers mariages. En 1998, sa fille, Zoilamérica Narváez, accuse son beau-père d’avoir abusé d’elle quand elle était enfant. La mère choisit de soutenir son époux, la justice classe l’affaire.

Toute la famille à l’avant garde

la suite après cette publicité

Aujourd’hui, l’omniprésence de « la Murillo » est, à l’évidence, le signe qu’Ortega prépare sa succession. Bien qu’il ait pris soin de s’affranchir de toute limitation du nombre des mandats, le président, 71 ans, a des ennuis de santé et se repose de plus en plus sur son épouse. Selon la Constitution, c’est elle qui le suppléerait en cas de défaillance. « S’il ne peut pas se représenter en 2021, Rosario ira à sa place », assure le professeur Secundino González, spécialiste des systèmes politiques de l’Amérique latine à l’université Complutense de Madrid. Les enfants du couple présidentiel, qui tous occupent des postes à responsabilité en politique, dans le milieu des affaires ou dans les médias, sont prêts eux aussi à prendre la relève.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image