Littérature : et il est comment le dernier livre d’Ali Benmakhlouf ?

Dans son dernier livre, « La Conversation comme manière de vivre », le philosophe marocain Ali Benmakhlouf invite le lecteur à se plonger dans l’art de la conversation.

Ali Benmakhlouf à Paris, le 29 septembre 2015. © Vincent Fournier/JA

Ali Benmakhlouf à Paris, le 29 septembre 2015. © Vincent Fournier/JA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 12 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

« Deux cent quarante-cinq pages pour traiter d’un sujet aussi banal que le papotage ? » Dès l’incipit du dernier ouvrage d’Ali Benmakhlouf, La Conversation comme manière de vivre, nous voilà déroutés. Pourquoi choisir cette thématique pour le moins singulière, cet acte humain tout à fait ordinaire ?

« Mais non pardi, c’est un sujet sérieux ! » répond l’auteur, amusé, à tous ceux qui lui font la remarque. « Le caractère décousu de la conversation dite “à bâtons rompus” cache souvent une structure logique profonde », commence-t-il par expliquer. Au gré d’une déambulation philosophique, il nous emporte ainsi au cœur de la littérature des « écrivains oraux », ceux dont les textes nous invitent à tendre l’oreille et à visualiser une véritable conversation. On se promène avec Alice dans son pays des merveilles et on écoute ses discussions hilarantes avec le chapelier.

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On revisite le dialogue à la fois culte et absurde de M. et Mme Smith, dans La Cantatrice chauve de Ionesco autour du personnage de Bobby Watson. On apprend aussi que Montaigne, l’auteur fétiche de Benmakhlouf, cherchait « un effet de reprises continues » en plaçant des majuscules au centre de ses phrases.

La conversation en question

Avec cet essai, Benmakhlouf s’est amusé tout en nous faisant découvrir des facettes insoupçonnables des conversations humaines. Le résultat est un ouvrage extrêmement documenté, croisant la parole d’écrivains célèbres avec celle des sémiologues comme le français Roland Barthes et des philosophes du langage comme l’Autrichien Ludwig Wittgenstein. Au cours de sa promenade linguistique, il explore le rythme, la voix et le souffle des personnages et explique comment ils influencent la réaction de leur interlocuteur. « La parole est moitié à celui qui l’écoute, moitié à celui qui la dit », écrivait Montaigne.

Sous ses airs futiles, la conversation humaine renferme une multitude d’indices et de gestes qui influencent la perception de chaque récepteur. C’est en analysant les états d’âme de ces personnages, leurs moments de silence et de parole, la ponctuation et les mots qu’ils utilisent que l’auteur a pu conclure que la conversation est « un état d’âme, une manière de vivre ».

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Grand spécialiste des philosophes anciens, Ali Benmakhlouf a toujours eu à cœur de rapprocher la philosophie de la vie quotidienne. Natif de Fès aux origines sénégalaises, il est l’auteur de Pourquoi lire les philosophes arabes (Albin Michel, 2015), qui rappelle la contribution des érudits arabes au patrimoine universel.

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