Littérature : « Black America » raconte la lutte quotidienne de la communauté noire aux États-Unis

De Jim Crow à Ferguson, Caroline Rolland-Diamond raconte le combat des Africains-Américains pour l’égalité à travers un essai efficace et intelligent.

Angela Davis lors d’une manifestation à Raleigh. © Bettmann Archive/GettyImages

Angela Davis lors d’une manifestation à Raleigh. © Bettmann Archive/GettyImages

Publié le 18 janvier 2017 Lecture : 1 minute.

En 2008, l’élection de Barack Obama soulevait l’espoir d’une Amérique post-raciale. Mais la mort de Michael Brown, en août 2014, à Ferguson, suivie d’une série d’abus policiers visant les Africains-Américains, a montré combien la lutte pour l’égalité restait inachevée.

Dans son essai dense et richement documenté, Black America, l’historienne Caroline Rolland-Diamond, professeure d’histoire et de civilisation américaines à l’université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, souligne qu’il est essentiel de ne pas cantonner les aspirations à l’égalité à la seule lutte civique.

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Les questions économiques et celles relevant de l’appartenance de classe sont en effet restées présentes durant toute l’histoire de la mobilisation noire. Plusieurs indicateurs statistiques, du seuil de pauvreté au taux d’incarcération, témoignent encore de la précarité structurelle dont souffre une large partie de cette communauté.

Militantisme quotidien

S’intéressant tout particulièrement aux « formes quotidiennes de résistance », Black America s’écarte volontairement des récits mythiques et des figures tutélaires pour raconter « la formation d’une identité collective noire ». L’ouvrage retrace le passé des Africains-Américains depuis l’institutionnalisation de la ségrégation par les lois Jim Crow (1865-1915) jusqu’à l’ouragan Katrina en Louisiane et « l’incurie de sa gestion sanitaire », en passant par l’adoption du Civil Rights Act (1964).

Le livre s’inscrit dans la lignée du « long mouvement » pour les droits civiques, refusant les antagonismes faciles opposant une lutte pacifique prônée par les partisans de Martin Luther King et la contestation violente du Black Power. Une analyse binaire qui a trop longtemps occulté la diversité des courants défendant l’émancipation des Africains-Américains, dont l’activisme féministe, souvent sous-évalué. En corrigeant « l’injustice de leur effacement », Black America rend justice aux sans-voix de cette lutte. À l’heure où Donald Trump prête serment.

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