Le Camerounais Yvan Sagnet, humaniste récidiviste, défend la cause des migrants

Après avoir dénoncé l’exploitation des ouvriers agricoles immigrés en Italie, c’est contre la politique envers les migrants que le Camerounais s’insurge.

La vie d’Yvan Sagnet, ce chevalier de l’Ordre du mérite italien, est menacée par la mafia. © TIZIANA FABI/AFP

La vie d’Yvan Sagnet, ce chevalier de l’Ordre du mérite italien, est menacée par la mafia. © TIZIANA FABI/AFP

Publié le 19 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Les Azzuri, l’équipe nationale italienne de football, ont tellement fait rêver l’enfant qu’était Yvan Sagnet que c’est Turin qu’il a choisi, en 2008, pour ses études d’ingénieur. Ce natif de Kribi, au Cameroun, serait resté dans l’anonymat s’il n’avait décidé de révéler la servitude dans laquelle étaient tenus les travailleurs immigrés employés comme saisonniers dans le secteur agricole de la région des Pouilles.

Récompensé pour son militantisme

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En 2011, engagé dans la récolte des tomates, il mène la première grève des saisonniers pour dénoncer la forme moderne de traite humaine pratiquée par des mafieux de Nardo (Sud), qui asservissent les ouvriers agricoles immigrés et les dépouillent de leurs papiers au profit de clandestins : « un système conçu pour retirer aux travailleurs leur dernière trace d’humanité ». Le mouvement collectif mené par Sagnet a un tel impact que la justice intente un procès pour esclavage à seize personnes, une première en Europe. Devenu l’un des porte-voix de la défense des droits des immigrés, l’auteur d’Aime ton rêve et de Ghetto Italia a été fait, en novembre 2016, chevalier de l’Ordre du mérite de la République italienne par le président, Sergio Mattarella.

Les Occidentaux ont largement exploité l’Afrique et ses ressources, mais refusent aujourd’hui d’en assumer les conséquences. »

Halte à la déshumanisation

Après avoir finalement obtenu un diplôme en communication, il aurait pu se contenter de fréquenter les plateaux télévisés et profiter de sa notoriété, mais, à 31 ans, il continue de s’indigner, et confirme son engagement pour les droits humains. Toujours déterminé et droit dans ses bottes, il entreprend, en ce début de 2017, d’alerter sur les dérives à l’encontre des migrants, et estime humiliante pour les gouvernants subsahariens la tournée africaine – entamée en Tunisie – du ministre de l’Intérieur, Marco Minniti, qui a pour but de conclure des accords bilatéraux pour le rapatriement des clandestins africains dans leurs pays d’origine en échange d’aides diverses.

Indigné par l’intolérance des pays du Nord

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Il appelle les États africains à rester dignes et à être vigilants, s’étonne que les Italiens, eux-mêmes peuple de migrants, pratiquent ce genre de politique, et estime que ces tours de vis, qui vont à l’encontre des droits de l’homme, ne résoudront pas le problème. « Un déséquilibre entre le Nord et le Sud est à l’origine de cette situation. Depuis la période coloniale, les Occidentaux ont largement exploité l’Afrique et ses ressources, mais refusent aujourd’hui d’en assumer les conséquences. Pourtant, l’impact des flux migratoires est bien en deçà de ce que leur rapporte encore le continent », affirme ce fan de la Juventus, dont la vie est menacée par la mafia. Frida Dahmani

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