Géopolitique : on se souviendra du 20 janvier 2017
Sur le plan politique, l’année 2017 a commencé à se mettre en place. Mais c’est le 20 janvier, demain, qu’elle prendra son vrai départ : sont annoncés, pour ce jour-là et les suivants, des événements qui devraient lui donner sa tonalité.
Je vous propose d’examiner ensemble ce qui est déjà advenu, et ce qui est annoncé pour le 20 janvier et les jours suivants.
L’observateur que je suis ne commentera que les événements qui intéressent beaucoup d’entre nous et sur lesquels il a un avis à donner ou des informations à livrer.
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Commençons par ce qui est déjà advenu et parlons de la Côte d’Ivoire.
Premier pays francophone d’Afrique de l’Ouest, elle est désormais la deuxième puissance de la Cedeao, derrière le Nigeria, et reprend enfin le leadership qu’elle avait exercé dans la seconde partie du XXe siècle.
Nous venons d’assister à la mise en application de la nouvelle Constitution que le président Alassane Ouattara a conçue et fait élaborer, qu’il a soumise ensuite à référendum.
Elle a été adoptée à une très confortable majorité le 30 octobre dernier.
Les élections législatives du 18 décembre ont donné à la Côte d’Ivoire une nouvelle assemblée, et celle-ci a réélu Guillaume Kigbafori Soro à sa présidence le 9 janvier.
Le Rassemblement des houphouétistes (dominé par le PDCI et le RDR, et présidé par Henri Konan Bédié) s’y retrouve majoritaire. Le pouvoir en place peut donc continuer à gouverner.
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Au début de cette année, le président Ouattara a remis le processus en mouvement : il a désigné un nouveau Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, en remplacement de Daniel Kablan Duncan, qui avait démissionné.
Mais, dans la foulée, ce dernier inaugure le poste de vice-président de la République créé par la nouvelle Constitution.
Un nouveau gouvernement plus resserré et plus jeune que l’ancien s’est mis au travail.
Pour Alassane Ouattara, il s’est agi, à travers ce long processus, de doter son pays de nouvelles institutions, qu’il estime plus appropriées que les anciennes et plus adaptées à ce siècle, et de commencer son second et dernier mandat en s’appuyant sur des hommes et des femmes qu’il a choisis de concert avec son Premier ministre et son vice-président.
Ils pensent avoir sélectionné, ensemble, ceux et celles qui allient compétence et loyauté, et avoir respecté le nécessaire équilibre entre les principales formations de la majorité.
Le régime ainsi mis en place fonctionne depuis le 11 janvier. Il ne satisfait pas tous les Ivoiriens, est en rodage, mais respecte, dans l’ensemble, les principes et les règles de la démocratie.
Je ne sais pas si Alassane Ouattara connaît cette règle formulée par le grand Deng Xiaoping : « J’ai deux principes : je n’ai pas peur de prendre des décisions et je corrige mes erreurs dès qu’elles apparaissent. »
Mais, à mon avis, c’est exactement la marche à suivre qui l’a guidé et qu’il a décidé d’appliquer.
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On aurait pu s’attendre à ce que la Côte d’Ivoire fasse des émules. Il n’en est rien malheureusement, puisque dans cette même Afrique de l’Ouest et au sein de la même organisation, la Cedeao, on observe un cas opposé.
Le plus petit pays de la zone, la Gambie, est affligé depuis près d’un quart de siècle d’un président qui s’obstine à donner à l’Afrique et au monde un exemple rare de non-respect des règles les plus élémentaires de la démocratie.
Battu à l’élection présidentielle du 1er décembre 2016, Yahya Jammeh, après avoir reconnu sa défaite, s’acharne à rester au pouvoir au-delà de son mandat, qui sera terminé ce 20 janvier.
Il faudra donc, si l’on ne parvient pas à lui faire entendre raison, l’en chasser manu militari.
La Cedeao en a les moyens et la volonté, l’Afrique entière l’approuverait. Sans doute même se déshonorerait-elle si elle se dérobait à cette obligation.
Il ne reste plus aux négociateurs qu’une semaine au terme de laquelle ce sera aux militaires d’agir.
On attend avec curiosité de savoir ce que dira la Commission de l’Union africaine.
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Après la Gambie, tout petit pays africain, parlons de la première puissance mondiale, les États-Unis.
Le 20 janvier, elle passera sous la férule de Donald Trump, qui s’installera à la Maison-Blanche à la place de Barack Obama. Il passera alors de la parole aux actes. Les États-Unis et le monde subiront Trump et regretteront Obama.
L’écrivain américain Russel Banks, qui a observé de près les deux hommes, nous prévient :
« Obama est cosmopolite, laïque, humaniste, il voit les choses à l’échelle mondiale et il maîtrise les nouvelles technologies. Il s’identifie davantage à la complexité et à la nuance qu’à la simplicité. »
Trump, lui, ne rit jamais. Je l’ai vu esquisser un sourire condescendant, ou bien un sourire de circonstance. Mais rire, jamais.
Il se vexe et s’énerve très facilement. Il ne boit jamais d’alcool, son plat favori est le hamburger de fast-food avec des frites, c’est un narcissique phobique des microbes qui souffre de troubles obsessionnels compulsifs et de troubles de l’attention.
Que pouvons-nous faire pour nous opposer à ce déséquilibré de Trump et aux milliardaires qui ont pris le contrôle de notre pays ?
Trump et Poutine sont peut-être ce que l’avenir a de pire à nous réserver, tandis qu’Obama est ce que le passé nous offrait de meilleur.
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Un autre Américain, moins connu, a le mérite d’avoir été l’un des rares à prédire que Donald Trump battrait Hillary Clinton et serait élu. Il s’appelle Allan Lichtman, est professeur à Washington et a prévu, sans jamais se tromper, le résultat de toutes les élections présidentielles américaines depuis 1984.
À son avis, Trump connaîtra un sort comparable à celui de Richard Nixon.
Mais lui ne démissionnera pas : il sera destitué parce que le parti républicain, dont il a bousculé les hommes et violé les règles, se vengera en l’obligeant à partir.
Et ce sera le vice-président, Mike Pence, homme à la fois raisonnable et prévisible, qui le remplacera.
Allan Lichtman pense que Donald Trump est assez impulsif, imprudent et cupide pour donner prise à une destitution, et ce dès l’année prochaine.
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On sait, par les hommes et les femmes dont il s’est entouré, par la guerre tiède qu’il a déjà engagée contre la Chine et contre le Mexique, par l’hostilité qu’il a suscitée dans les médias et les services de renseignements, qu’il flirte avec le risque. Et nous expose, ainsi que l’économie mondiale, à des secousses.
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