Palestine : entre Fatah et Hamas, la troisième fois sera-t-elle la bonne ?
Après deux tentatives avortées, le Fatah et le Hamas se seraient entendus sur la création d’un gouvernement d’union nationale.
Après l’Égypte, le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie, les Palestiniens peuvent désormais s’appuyer sur la Russie comme pays médiateur dans la région. Le 17 janvier, c’est depuis Moscou que l’ensemble des factions réunies ont annoncé s’être entendues sur la création d’un gouvernement d’union nationale, suivie d’élections générales, dont l’échéance a maintes fois été reportée ces dernières années. « Nous allons nous adresser au président Mahmoud Abbas pour lancer des consultations », a annoncé Azzam al-Ahmad, l’un des délégués palestiniens, à l’issue des trois jours de pourparlers.
Discussion historique
Les principaux concernés sont le Fatah et le Hamas, respectivement au pouvoir en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Mais l’accord inclut également le Jihad islamique, farouche partisan de la lutte armée contre Israël et hostile à tout processus de négociation. Pourtant, à en croire la presse russe, les différents groupes palestiniens seraient convenus de l’élaboration d’une plateforme politique incluant la création d’un État dans les frontières de 1967. Autrement dit, la reconnaissance implicite de l’État hébreu.
Pour arriver à un tel compromis, le Fatah a été contraint de céder du terrain à ses adversaires islamistes. Ainsi, Hamas et Jihad intégreront les instances de l’OLP, habituellement chasse gardée des partisans de Mahmoud Abbas, et formeront dans les deux mois un « conseil national ». Avant même la tenue d’un scrutin législatif, cet organe désignera les membres du nouveau comité exécutif de l’OLP et les représentants du corps diplomatique palestinien.
Méfiance des deux côtés
« C’est du sérieux, la médiation russe apporte du poids à cette démarche. Nous avons la volonté d’y parvenir, d’autant que le contexte international l’exige », a déclaré à JA un cadre de l’Autorité palestinienne, sous le couvert de l’anonymat. Car au-delà des craintes suscitées par l’investiture de Donald Trump, le Fatah et le Hamas ont de nombreuses fois sabordé les espoirs de réconciliation, comme au Caire en 2011 et à Doha en 2012, à cause de la méfiance entre les responsables des deux organisations.
La situation humanitaire à Gaza, au bord du désastre, tend d’ailleurs à prouver que le climat n’est pas encore propice au dialogue. Confronté à des manifestations de colère à la suite de délestages, le Hamas accuse ouvertement le Fatah de Mahmoud Abbas d’avoir provoqué ces pénuries d’électricité. Des militants du mouvement islamiste ont même brûlé des posters à l’effigie du raïs palestinien.
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