Enseignement en Afrique du Sud : l’université Wits, un gisement de compétences
L’école des mines de l’université du Witwatersrand constitue un vivier précieux de techniciens pour les grands groupes miniers sud-africains.
Mines : la Chine à la conquête du continent
Fusions-acquisitions, rachats et participations massives dans des projets d’exploitation… Pékin exhorte les groupes miniers à renforcer leurs positions en Afrique pour assurer son approvisionnement en métaux.
Fondée il y a cent vingt ans à Kimberley, relocalisée en 1904 près de Johannesburg, l’école des mines d’Afrique du Sud a donné naissance en 1922 à l’université du Witwatersrand (Wits). À l’image de l’industrie extractive pour l’économie nationale, elle reste une des filières clés de Wits, avec 825 étudiants triés sur le volet en 2016, du Bachelor (bac + 3) au PhD (doctorat). Parmi eux, environ 20 % d’étrangers, en particulier des Congolais (RD Congo), des Nigérians, des Zimbabwéens, des Mozambicains, des Namibiens et des Botswanais.
Une expertise recherchée
Pour les groupes miniers, l’établissement constitue un gisement permanent de compétences. Ils y sont d’ailleurs largement présents à travers l’intervention de professionnels dans les cours, de contrats de sous-traitance et de dons. « En 2008, la chambre des mines, Anglo American et Gold Fields ont largement financé la construction de nos locaux », rappelle le professeur Bekir Genc, qui enseigne la modélisation minière assistée par ordinateur.
Il s’agit ici de tester la capacité des étudiants à gérer les risques souterrains en simulant différentes situations difficiles. »
À côté des cours théoriques – mathématiques, physique-chimie et sciences de la terre –, l’école des mines de Wits propose à ses étudiants des ateliers et des laboratoires. « Nous disposons de tous les équipements pour étudier la nature des gisements miniers. Cette compréhension est cruciale pour concevoir leur exploitation », souligne l’enseignant Halil Yilmaz. « Nous analysons leur composition, leur fragilité, et le risque de glissement de terrain, d’effondrement, d’inflammation et d’inondation des galeries souterraines », détaille-t-il.
La pratique
Avec ses étudiants, ses techniciens et ses chercheurs, cet ancien ingénieur de Gold Fields travaille sur des échantillons issus des mines d’or et de platine du Gauteng (région de Johannesburg) et du Limpopo (Nord-Est), et se rend sur le terrain avec les pick-up de l’université. « Certains élèves de master et doctorants bénéficient d’une rémunération ou d’une bourse en échange de leur travail pour répondre aux commandes d’entreprises partenaires de l’université », précise Halil Yilmaz.
Dernière installation pour mettre en pratique les cours théoriques : un tunnel minier de simulation, aux parois recouvertes de similiroches truffées de caméras et de capteurs reliés à une salle de contrôle, implanté dans le sous-sol de l’école. « Il s’agit ici de tester la capacité des étudiants à gérer les risques souterrains en simulant différentes situations difficiles : tremblement de terre, fuite de gaz ou accident humain », explique le doctorant pakistanais Tariq Feroze, qui suit un programme conjoint de recherche entre l’Université des sciences et de la technologie d’Islamabad et Wits.
Modernisation
Dans sa formation des futurs ingénieurs miniers, Wits insiste également sur la bonne maîtrise des derniers logiciels de modélisation informatique et de planification nécessaires à la conception de mines modernes. Pour cela, une gigantesque salle de cours informatisée est installée au dernier étage du bâtiment principal de l’école des mines, avec plus de 200 postes de travail et 4 grands écrans permettant de suivre le cours et ses démonstrations.
Ces dernières années, l’école a notamment développé une formation au management minier destinée aux nouveaux cadres des grands groupes qui ne sont pas familiers avec le secteur, tels que des directeurs financiers, des responsables des ressources humaines ou des traders de minerais. L’école compte développer ce type de formation courte via des cours du soir. Et continuer de tisser des liens étroits avec les groupes dont les sièges pour l’Afrique du Sud – et parfois pour le continent – sont installés à Johannesburg.
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