Justice : retour à la case départ pour le blogueur mauritanien Mohamed Ould Mkheitir

La Cour suprême de Mauritanie a demandé, le 31 janvier, qu’une nouvelle juridiction rejuge ce condamné à mort pour « apostasie ».

Le jeune blogueur est en prison depuis trois ans. Photo d’illustration, près de Nouadhibou, Mauritanie. © Jbdodane/Flickr

Le jeune blogueur est en prison depuis trois ans. Photo d’illustration, près de Nouadhibou, Mauritanie. © Jbdodane/Flickr

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 6 février 2017 Lecture : 1 minute.

Ingénieur âgé de 31 ans, il avait écrit sur le site mauritanien Aqlame un article qui dénonçait l’utilisation de la religion pour justifier des inégalités entre les castes, notamment au détriment de la sienne, les maalemine, ou « forgerons », méprisée en Mauritanie. Pour cela, il se référait aux différences de traitement que le Prophète réservait à ses ennemis selon leur appartenance religieuse ou tribale.

Les fondamentalistes ont organisé des manifestations pour exiger son exécution.

Dénoncé par des oulémas hystériques de Nouadhibou comme apostat – alors qu’il n’a renié en rien sa foi –, il a été incarcéré le 2 janvier 2014, puis condamné à mort en première instance le 24 décembre 2014, malgré deux manifestations de repentir. Sa condamnation a été confirmée en appel le 21 avril 2016, mais pour un motif requalifié en « mécréance », ce qui renvoyait l’affaire devant la Cour suprême… qui vient de botter en touche.

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La justice sous pression

Devenu paria, Mkheitir a été licencié par son employeur et a vu son mariage annulé. Ses parents ont dû se réfugier au Sénégal et demander le droit d’asile à la France tant ils étaient menacés. Le pouvoir mauritanien est embarrassé. Il sait qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans cet article, mais les fondamentalistes ont mobilisé une partie de l’opinion en prétendant qu’il injuriait le Prophète et organisé des manifestations pour exiger la mort de l’auteur.

Il n’y a jamais eu d’exécution capitale en Mauritanie pour motif religieux. Cette manipulation très politique a empêché le pouvoir de faire élargir Mkheitir, comme le lui demandaient les associations de défense des droits de l’homme. Retour donc à la case départ et poursuite du bras de fer entre l’islam malékite mauritanien et l’obscurantisme salafiste importé du Golfe.

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