Littérature : amours en fuite dans le dernier roman de Kauffmann « Stupéfiant »

Alexandre Kauffmann dépeint une génération désabusée et infantilisée à travers son nouveau roman, une enquête complexe entre la Tanzanie et les rues parisiennes.

Photo d’illustration. © Association Sportive Les Volcans/CC/Flickr

Photo d’illustration. © Association Sportive Les Volcans/CC/Flickr

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 10 février 2017 Lecture : 1 minute.

Stupéfiants a perdu une part des couleurs tanzaniennes qui composaient le très réussi Black Museum, précédent livre d’Alexandre Kauffmann.

Elles ne se sont pas seulement éloignées – le narrateur comme l’auteur, qui se ressemblent beaucoup, sont rentrés d’Arusha pour Paris – elles se sont aussi fanées à mesure que s’achevait l’histoire d’amour née en Afrique de l’Est.

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L’échec perpétuel des relations amoureuses

Contrairement à ce que suggère son titre, ce roman n’est pas, principalement, une plongée dans le trafic de drogue transnational : Alexandre Kauffmann l’a déjà fait en tant que journaliste. Ce n’est pas non plus une exploration des effets des drogues de synthèse – même si cela, aussi, est traité. C’est en réalité un polar sociologique et intime, au cours duquel le narrateur cherche peut-être moins l’assassin de deux Tanzaniens scarifiés retrouvés morts à Paris, que les causes du naufrage de sa génération (un « club chômage » composé de quadras parisiens vivant de l’aide de leurs parents) ou celles de l’échec perpétuel des relations amoureuses.

Se retrouver seul avec soi-même

Comme si les allers-retours entre Arusha et Paris lui donnaient surtout un regard acéré sur l’époque. « Sous l’Antiquité, écrit-il, Aristophane pensait que l’amour permettait aux hommes de retrouver leur moitié, cette part perdue d’eux-mêmes. En vingt-cinq siècles, les perspectives se sont inversées. Aujourd’hui, la plupart des hommes semblent encombrés de leur moitié, comme si le coefficient conjugal les éloignait de la vérité, diluant leurs pensées dans un confort grégaire. Pour retrouver l’exacte mesure de leur humanité, ils partent seuls à la rencontre d’eux-mêmes. » L’enchevêtrement des intrigues rythme efficacement ces sentences fatalistes et justes.

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