Dans « La Mère patrie », la souffrance des musulmans victimes des attentats de Nice

Hanane Charrihi, dont la mère a été fauchée lors de l’attentat de Nice, raconte le calvaire subi par sa famille, à la fois cible des intégristes et du racisme ordinaire.

Hanane Charrihi. © Agence anne et arnaud

Hanane Charrihi. © Agence anne et arnaud

leo_pajon

Publié le 7 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Le 14 juillet 2016, quelques heures seulement après le carnage provoqué par un camion fou sur la promenade des Anglais, à Nice, la famille Charrihi veille le corps de Fatima. Cette Marocaine, femme au foyer âgée de 62 ans, mère de 8 enfants, a été la première victime de l’illuminé qui volera, au total, plus de 85 vies.

Le mari de la défunte et ses fils attendent près du cadavre étendu sur le trottoir, couvert d’un drap blanc, quand une voiture grise ralentit à leur hauteur. Une vieille femme ouvre la vitre : « C’est bien fait, bande de terroristes. Cette fois-ci, c’est votre tour ! »

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Stigmatisée au quotidien

Hanane, 27 ans, une des filles de Fatima, était à Paris au moment du drame. Mais, revenue en urgence à Nice, elle a également vécu la souffrance du deuil et la haine se déchaînant aveuglément sur les Français de confession musulmane.

Le récit a le mérite de rappeler qu’une victime sur trois, à Nice, était musulmane.

En cosignant avec la journaliste de L’Obs Elena Brunet Ma mère patrie, Hanane Charrihi souhaite à la fois rendre hommage à sa véritable mère, « croyante, voilée », et délivrer un message de tolérance à ses compatriotes. Car, pour l’auteure, l’islam est avant tout une religion de paix et d’amour. Elle rappelle d’ailleurs ce passage du Coran, « Celui qui tuera un homme sans en éprouver de violence sera coupable du sang de tout le genre humain » (sourate 5, verset 32), en estimant que les fanatiques de Daesh, ignorants, « ont dû sauter la page » en lisant le livre saint.

Crise identitaire

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Le chagrin de l’auteur impose le respect, mais la démarche questionne. Publier ce témoignage, très court, moins d’un an après le drame semble être un « coup » de maison d’édition. Hanane Charrihi, même accompagnée par une journaliste, manque du talent littéraire pour produire une œuvre marquante et du recul nécessaire pour mener à bien une réflexion qui dépasse le refus de l’intolérance.

Le livre a néanmoins des qualités. Il a le mérite de rappeler qu’une victime sur trois, à Nice, était musulmane. Et il amorce un questionnement sur la crise d’identité traversée par les croyants, qui tentent de vivre leur islamité tout en se sentant totalement français.

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