RD Congo : sans Tshisekedi, l’accord du 31 décembre est mis à mal

Étienne Tshisekedi était l’un des personnages clés de l’accord politique signé à Kinshasa entre le gouvernement et l’opposition. Sans lui, le grand changement démocratique devient délicat.

Carbone Beni, 25 ans, coordinateur national du mouvement de jeunes citoyens congolais Filimbi, à Kinshasa, le 26 septembre 2016. © Gwenn Dubourthoumieu/JA

Carbone Beni, 25 ans, coordinateur national du mouvement de jeunes citoyens congolais Filimbi, à Kinshasa, le 26 septembre 2016. © Gwenn Dubourthoumieu/JA

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Publié le 9 février 2017 Lecture : 1 minute.

Le cercueil d’Étienne Tshisekedi, à Bruxelles, le 5 février 2017. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA
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RD Congo : Étienne Tshisekedi, l’irremplaçable opposant

Le « Vieux » s’en est allé le 1er février. Et, avec lui, c’est une page de l’Histoire qui s’est tournée. À 84 ans, au terme d’une carrière de plus de cinquante ans, le premier des opposants devait prendre la tête du Conseil national de suivi de l’accord. Avec sa disparition, l’avenir de la transition politique devient encore plus incertain.

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Depuis son retour triomphal à Kinshasa, en juillet, Étienne Tshisekedi était revenu au centre de la vie politique congolaise. Un mois plus tôt, il avait été désigné chef du Rassemblement de l’opposition, une plateforme qui réunissait une coalition d’une ampleur inédite face au président Joseph Kabila.

Sans Tshisekedi pour faire contrepoids, l’opposition aura beaucoup de mal à faire avancer le processus électoral.

C’est aussi sous le leadership du « Líder Máximo » que Kinshasa avait connu deux vagues de contestation meurtrières en septembre et décembre, pour protester contre le maintien au pouvoir du président après l’expiration de son dernier mandat constitutionnel, le 19 décembre 2016. Seul Tshisekedi avait la capacité de mobiliser ainsi la rue kinoise.

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Moïse Katumbi comptait sur Tshisekedi

Sous la pression de l’étranger, le gouvernement congolais avait se résoudre à négocier avec l’opposition pour finalement signer un accord de partage du pouvoir, le 31 décembre. Celui-ci prévoyait de confier à Tshisekedi la présidence du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), lequel devait s’assurer de l’organisation de l’élection présidentielle dans les plus brefs délais.

L’accord ne réglait pas le sort de Moïse Katumbi, l’autre pilier de l’opposition, exilé et empêché de concourir à l’élection présidentielle par une curieuse condamnation dans un litige immobilier. Mais ce dernier comptait bien sur le « Vieux », son nouvel allié, pour obtenir la levée de cette sanction.

L’opposition moins forte

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La disparition du patriarche met à mal cet accord de transition, patiemment construit mais encore très fragile. Ces dernières semaines, sa mise en œuvre achoppait déjà sur la désignation du Premier ministre, qui doit être présenté par le Rassemblement de l’opposition.

En principe, l’accord peut toujours s’appliquer. Mais, sans Tshisekedi pour faire contrepoids, l’opposition aura beaucoup de mal à exercer la pression nécessaire pour faire avancer le processus électoral. La succession du leader politique à la tête du CNSA comme du Rassemblement de l’opposition s’annonce très délicate. Lui seul était parvenu à fédérer cet ensemble.

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