Cinéma : dans « Loving », un couple mixte seul contre tous

Avec « Loving », histoire d’un amour impossible entre un homme blanc et une femme noire dans la Virginie des années 1950, Jeff Nichols réalise un film sans didactisme sur les droits civiques.

Le film s’appuie sur des acteurs brillants	: Ruth Negga et Joel Edgerton. © Ben Rothstein/mars films

Le film s’appuie sur des acteurs brillants : Ruth Negga et Joel Edgerton. © Ben Rothstein/mars films

Renaud de Rochebrune

Publié le 14 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Richard, un ouvrier blanc taiseux mais avec un cœur gros comme ça, et Mildred, une jeune Noire timide mais courageuse, s’aiment. D’un amour simple, évident, inaltérable. Et, alors que sa compagne lui annonce qu’elle est enceinte, Richard Loving (le bien nommé) décide de l’épouser et de construire de ses mains une maison pour abriter leur famille.

Mais on est en Virginie dans les années 1950. À une époque où, près d’un siècle après la fin de la guerre de Sécession, les mariages interraciaux sont encore illégaux. D’où la décision du couple de s’unir dans un État voisin.

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Commence alors, scandée par les diverses étapes du chemin de croix (la prison, la clandestinité dans leur propre région natale, des séparations, etc.) que doivent emprunter les deux époux traqués par les autorités, une longue bataille de dix ans pour obtenir enfin de la Cour suprême, en 1967, une décision – l’arrêt Loving contre l’État de Virginie – permettant d’abolir les règles racistes en matière matrimoniale dans tout le pays.

Tendance cinématographique afro-américaine

Parmi la série de films récents évoquant la vie présente ou passée des Africains-Américains et leurs combats, de The Birth of a Nation à Moonlight en passant par The Fits, Loving n’est peut-être pas le plus original ni le plus impressionnant. Mais en racontant sans grands effets et sans pathos, un peu à la manière d’un documentaire, cette histoire vraie d’un amour contrarié par la ségrégation raciale dans le sud des États-Unis, il réussit à bouleverser le spectateur tout en contant par le menu un épisode majeur de la lutte pour les droits civiques entré dans l’Histoire.

Bénéficiant de l’excellente interprétation de Ruth Negga dans le rôle de Mildred, évitant le piège du film de procès en se focalisant sur la vie quotidienne des personnages, le grand espoir du cinéma américain indépendant Jeff Nichols démontre que la réputation flatteuse que lui ont value ses précédents longs-métrages (Take Shelter, Mud, Midnight Special) n’était pas usurpée. Ainsi, une fois n’est pas coutume, ce passage à l’écran sous forme de fiction d’une histoire édifiante réellement vécue nous vaut une œuvre remarquable.

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https://www.youtube.com/watch?v=sbAM8Lua2pM

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