Colonisation : le crime d’Emmanuel Macron

Vue d’Afrique, des peuples qui en furent les victimes et en conservent la mémoire vive, la polémique sur la colonisation qu’Emmanuel Macron a relancée à Alger le 15 février avec des mots inédits en France a quelque chose de surréaliste et de dérisoire.

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Publié le 20 février 2017 Lecture : 1 minute.

Le candidat à l’élection présidentielle française Emmanuel Macron. © Jean Luc LUYSSEN/REA
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Emmanuel Macron et l’Afrique

L’ex-candidat d’En Marche ! élu président de la république française le 7 mai demeure un personnage mystérieux et difficile à cerner. En France comme à l’étranger, ses premiers pas seront scrutés de près. Jeune Afrique a sondé ses positions sur le continent.

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Surréaliste parce que, pour les Africains, la colonisation n’a jamais été autre chose qu’un « crime contre l’humanité », à l’instar de l’esclavage, de la traite ou de l’apartheid. Comment qualifier autrement cette œuvre de subjugation, d’asservissement et d’appropriation, avec son lot de crimes de guerre, de violences et de souffrances, avec son appareil de justification idéologique, religieux parfois, « civilisationnel » toujours ?

Si la colonisation a construit, pour ses propres besoins, des routes, des ponts et des chemins de fer – à quel prix humain, le plus souvent ! et si les colons ne furent pas tous complices de crimes comme les Allemands ne furent pas tous nazis, la colonisation forme un tout inséparable, et cet ensemble est constitutif d’un crime contre l’humanité, au sens où l’entendent à la fois les statuts du Tribunal de Nuremberg et ceux du traité de Rome fondant la Cour pénale internationale.

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Un débat franco-français

Polémique dérisoire aussi, ou plutôt faisandée, qui resurgit au cœur du débat électoral français à chaque échéance comme un disque rayé, sans que l’on progresse d’un iota dans les arguments et sans que l’on puisse faire la part, dans les déclarations des uns et des autres, de ce qui relève de la sincérité, de l’idéologie et de l’électoralisme.

Le 15 février, c’est un lourd tabou français que le candidat d’En Marche ! a brisé, le crime contre l’humanité étant, dans le droit pénal, le seul qui soit imprescriptible. Ce courage, ses adversaires, pour qui la colonisation fut un « partage des cultures » indolore, entendent le lui faire payer cher. Les anciens colonisés, eux, n’ont jamais été conviés à ce débat franco-français. À juste titre, puisque à leurs yeux il n’y a jamais eu de débat : toute colonisation est intrinsèquement criminogène.

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