Assurance : comment le marocain Saham résiste à la crise en Angola
Malgré des comptes qui ont basculé dans le rouge, la filiale du groupe marocain a maintenu ses investissements et a accéléré son déploiement en direction des particuliers.
Comment assurer les Africains demain ?
Modernes et adaptées à l’Afrique, les entreprises d’assurances se développent et pourraient bientôt répondre aux enjeux de développement du continent.
Effondrement des cours du pétrole, croissance au ralenti, envolée de l’inflation : pour Saham Angola Seguros, filiale du groupe marocain acquise fin 2013, comme pour tous ses concurrents angolais, la période est délicate.
En 2015, le numéro trois des assureurs du pays – et premier privé – a vu ses bénéfices fondre, finissant l’année tout juste à l’équilibre. En 2016, ses comptes – qu’il a refusé de dévoiler – sont passés dans le rouge. Rien de vraiment étonnant dans un pays où la croissance du PIB a chuté de 7 % en 2013 à moins de 1 % l’année dernière.
« Comme sur beaucoup de marchés jeunes, plus des trois quarts de l’activité est liée à la clientèle des entreprises, qui souffrent de l’arrêt des grands chantiers et ralentissent les investissements », explique Nadia Fettah, directrice générale du groupe Saham depuis le début de l’année 2017, après en avoir été la numéro deux.
En dehors des effets persistants de la baisse des cours pétroliers, divisés par deux au cours du second semestre de 2014, et du ralentissement des investissements, Saham a également été fortement touché par la raréfaction des devises dans une économie dollarisée et par l’inflation galopante.
« Nous manquons de dollars pour payer les réassureurs, décrypte Nadia Fettah. Nous sommes aussi très affectés par l’inflation car il est difficile de répercuter l’intégralité de la hausse des prix sur les primes payées par nos clients. »
En novembre 2016, le FMI prévoyait dans une note que l’inflation annuelle en Angola atteindrait 45 % d’ici à la fin de l’année, avant de « décliner » autour de 20 % en 2017…
Malgré tout cela, « nous avons continué à investir, nous n’avons ni réduit la voilure ni nos effectifs [un peu plus de 200 employés] », explique la directrice générale. Stratégiquement, Saham Angola Seguros a accentué sa politique de développement vers les particuliers, amorcée quelques mois avant l’effondrement des cours.
« Nous nous concentrons désormais beaucoup sur l’assurance automobile et avons lancé en septembre 2016 l’assurance santé », explique Nadia Fettah. La société, qui ne comptait aucune agence en 2013, en a désormais un peu plus d’une dizaine et a pour objectif d’en ouvrir plusieurs chaque année. Elle implante également plus d’une dizaine de points de vente par an dans les grands supermarchés.
Résultat : le segment retail (vente au détail) représentera bientôt 20 % de ses revenus – qui ont continué à croître malgré la crise –, contre 5 % lors de la reprise de GA Angola Seguros.
Pour éviter de transformer la crise en crash, alors que les risques se multiplient, Saham a également nommé une équipe de choc à la tête de sa filiale. Il a ainsi fait venir des anciens d’AXA au Portugal, dont son ex-directeur général (de 1999 à 2014), Paulo Bracons, qui a pris le leadership à Luanda.
Objectif : profiter de son expérience et de celle de ses équipes lusophones pour former une future génération de dirigeants angolais. Dans un pays où le taux de pénétration de l’assurance est inférieur à 1 %, le potentiel de croissance – et de hausse des profits – reste entier. Avant même la crise actuelle, Saham Angola Seguros était relativement moins profitable que les autres filiales du groupe – le système de réassurance indispensable pour les clients grandes entreprises affectant les marges –, pesant en 2014 environ 17 % des revenus de Saham Finances mais seulement 7,5 % des profits.
Une fois la crise actuelle passée, la croissance à deux chiffres devrait donc vite reprendre pour Saham Angola. « C’est un moment très difficile mais nous restons très optimistes », confirme Nadia Fettah.
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