Infrastructures : la Société nationale des eaux du Bénin ouvre les vannes
Grâce à une augmentation de ses capacités de production et à la réduction des coûts de branchement, l’entreprise publique est en passe d’atteindre son objectif : la couverture de tout le territoire en 2021.
Le dessalement se démocratise au Sud
Dans un contexte d’explosion de la demande et de dérèglement climatique, cette technologie, autrefois coûteuse, apparaît peu à peu comme une solution alternative pour approvisionner les pays subsahariens en eau.
En 2006, la Société nationale des eaux du Bénin (Soneb) ne pouvait offrir l’accès à l’eau potable qu’à 48 % de la population urbaine et périurbaine, soit environ 1,2 million d’usagers. Or son réseau, qui était alors de 3 500 km, s’étend aujourd’hui à 5 435 km et dessert plus de 2,6 millions de particuliers (82 % des citadins). Avec 60 litres d’eau par jour et par habitant en 2015, le volume disponible a été multiplié par deux sur la période.
Une performance rendue possible grâce à la construction d’importantes infrastructures d’eau potable qui ont permis d’augmenter les capacités de production, de traitement et de stockage. Grâce aussi à la réduction des coûts de branchement, de 105 000 à 50 000 F CFA (de 160 à 76 euros), qui a attiré ces dernières années environ 100 000 abonnés supplémentaires.
Développer les partenariats public-privé
En décembre 2016, l’entreprise a été scindée en deux, avec d’un côté la gestion du patrimoine et de l’autre l’activité distribution. L’objectif est de développer des partenariats public-privé. Mais, fin février, le gouvernement n’avait toujours pas communiqué sur le sujet, réaffirmant cependant sa volonté d’étendre la couverture du réseau de la Soneb à tout le pays à l’horizon 2021.
Les coupures et les délestages sur le réseau électrique, qui peuvent perturber la distribution de l’eau
« L’accès équitable et universel de tous les Béninois à l’eau potable est désormais un impératif absolu pour nous. Nous devons nous transmuer complètement en une société d’eau moderne, qui propose des services de qualité durables et irréprochables », indique David Babalola, directeur général de la Soneb.
Pour atteindre cet objectif, le Bénin devra mobiliser plus de ressources. Car la Soneb, qui, en 2015, a enregistré un résultat net de 2 milliards de F CFA, n’y parviendra pas seule. Elle peut néanmoins compter sur l’appui d’importants partenaires techniques et financiers. Le 8 décembre 2016, la Banque européenne d’investissement (BEI) a signé une convention de financement de 30 millions d’euros dans le cadre d’un projet destiné à la modernisation du réseau d’eau potable de Cotonou.
Selon le président béninois, Patrice Talon, ce financement « répond à un besoin essentiel qui, malheureusement, constitue encore un grand niveau d’insatisfaction pour la population. L’eau potable manque beaucoup dans le pays ». Ce sont 600 000 personnes qui pourront ainsi bénéficier de la précieuse molécule bleue à travers l’extension et la densification du réseau sur plus de 800 km.
Pas d’eau sans électricité
Au terme des études de faisabilité qu’elle avait financées, la BEI avait marqué sa satisfaction quant au professionnalisme et à la célérité dans l’exécution des travaux. « Seul bémol dans la réalisation de ce projet », pour Marco Beros, représentant de cette institution : les coupures et les délestages sur le réseau électrique, qui peuvent perturber la distribution de l’eau, les deux étant liés. La Soneb a parfois recours à des groupes électrogènes, ce qui constitue un surcoût de production…
En juin 2016, le gouvernement a aussi ratifié un accord de prêt de la Banque africaine de développement (BAD) d’un montant de 5,4 milliards de F CFA en vue de l’amélioration de la fourniture d’eau potable dans les agglomérations de Cotonou, de Porto-Novo et des environs. Le projet consiste notamment à améliorer le rendement technique des réseaux, la maintenance des ouvrages, la maîtrise des coûts de production.
Actuellement, des compteurs défaillants et des difficultés de recouvrement ne permettent pas à la Soneb de facturer plus de 64 % de l’eau qui sort des robinets. Son objectif est d’arriver à 80 % en 2020.
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