Guinée : Conakry s’apprête à vivre au rythme de la culture jusqu’en 2018

Élue par l’Unesco Capitale mondiale du livre 2017, Conakry va vivre pendant toute une année au rythme de la lecture, de la culture et de l’ouverture. Coup d’envoi le 23 avril.

Le rond-point Belle Vue, à Conakry, en janvier 2017. © Youri Lenquette/JA

Le rond-point Belle Vue, à Conakry, en janvier 2017. © Youri Lenquette/JA

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Publié le 9 mars 2017 Lecture : 4 minutes.

Gare routière de Conakry. Vue du marché de Madina de Conakry, le 10 décembre 2012. © Sylvain Cherkaoui/JA
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La Guinée reprend des couleurs

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«Hé ! Le compte à rebours est lancé ! À J – 100 de Conakry Capitale mondiale du livre, je lance un flambeau à ce beau public pour que cette année soit magique ! » slamait Fatoumata Lamarana Diallo, du collectif J’art-icule, sur la scène du Petit Musée, le 11 janvier dernier. « Cet événement marquera le top départ de la renaissance de la culture guinéenne », résume, enthousiaste, Sansy Kaba Diakité, commissaire général de Conakry Capitale mondiale du livre 2017 (CCML) et directeur de L’Harmattan-Guinée, qui a œuvré pendant des années pour que le dossier de Conakry soit retenu.

Et c’est le 30 juin 2015 que la capitale guinéenne a été désignée par le comité international d’experts de l’Unesco et des organisations internationales de l’industrie du livre pour être la 17e Capitale mondiale du livre, en 2017. La manifestation, qui durera toute une année, sera lancée le 23 avril, Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, en même temps que la 9e édition des 72 Heures du livre de Conakry.

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Comité spécial au gouvernement

Le commissaire est satisfait d’avoir déjà exécuté 80 % du programme des préparatifs prévus mais n’en est pas moins inquiet. Il sait qu’accueillir pendant toute une année une manifestation qu’il considère comme « la coupe du monde de la lecture et de la littérature » est à la fois une course contre la montre et un marathon.

Plus de 500 000 visiteurs et 4 500 auteurs sont attendus et des centaines d’événements culturels sont prévus

Un rendez-vous au long cours qui exige de mobiliser tout le pays, à commencer par le président de la République – qui, le 23 janvier, a fait publier un décret pour déclarer CCML « événement d’utilité publique » – et, dans son sillage, l’ensemble du gouvernement, en particulier les ministres chargés de la Culture, de l’Enseignement, du Budget et des Affaires étrangères, réunis au sein d’un comité spécial coordonné par le Premier ministre, Mamady Youla.

Créer des infrastructures

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Deux bibliothèques seront inaugurées lors du coup d’envoi de CCML, le 23 avril. Livrée en octobre 2016, la bibliothèque nationale a été construite dans le centre-ville de Conakry, non loin de l’hôpital Donka (quartier Camayenne), pour un coût de 7 milliards de francs guinéens (près de 700 000 euros) pris en charge par le ministère de la Culture. Lequel a également financé, à hauteur de 3 milliards de francs, la reconstruction de la bibliothèque Professeur-Djibril-Tamsir-Niane, qui avait été ravagée par un incendie en 2012.

Selon le ministre de la Culture, Siaka Barry, à la fin de janvier, l’État avait déjà mobilisé à lui seul 9 milliards de francs guinéens pour CCML, sur un budget global prévisionnel de 60 milliards de francs, qui englobe le soutien des sponsors ainsi que les initiatives privées des centres culturels, des associations d’artistes et des médias. Lors de sa visite à Conakry, à la mi-janvier, pour constater l’état d’avancement des préparatifs, le représentant de l’Unesco, Ian Denison, est reparti « optimiste ».

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Un lot d’événements culturels

Plus de 500 000 visiteurs et 4 500 auteurs sont attendus, alors que des centaines d’événements culturels sont prévus : bourses aux livres, lectures publiques, concours (de poésie, de lecture, etc.), conférences, débats, expositions, concerts et parades, journées découverte de l’histoire des communes de Conakry et quelques visites guidées à l’intérieur du pays.

Pour chaque mois, d’avril 2017 à avril 2018, ont été définis un thème, un film, une pièce de théâtre, un comédien, un ballet, un orchestre et, bien entendu, un livre.

Auteurs, musiciens, cinéastes, plasticiens… Le tout-Conakry de la culture et des arts s’est mis dans l’ambiance de la manifestation, à l’image du Petit Musée qui, après avoir accueilli la cérémonie du compte à rebours « J – 100 », va multiplier les événements. « Nous aurons toute l’année une programmation de spectacles vivants, d’expositions, de rendez-vous littéraires et musicaux, de lectures, de séances de dédicaces… », souligne Isabelle Dalmau-Bucheton, la directrice du centre culturel.

Dimension panafricaine

Par ailleurs, les 80 artistes qui ont participé en 2016 à la troisième édition du Trophée protecteur des arts et cultures (TPAC) de Guinée, un concours d’art contemporain, ont chacun réalisé un livre-objet. « Cette année, le thème portera à nouveau sur le livre, de façon plus monumentale, puisque les créations feront partie de la grande parade inaugurale organisée au stade du 28-Septembre pour l’ouverture de Conakry Capitale mondiale du livre », explique la fondatrice du Petit Musée, Fifi Tamsir Niane, vice-commissaire et directrice artistique de l’événement.

Sont aussi mobilisés les membres de la compagnie française Paupières mobiles, dirigée par l’écrivain Hakim Bah (lauréat du prix RFI Théâtre 2016 pour Convulsions), ou encore le dramaturge Bilia Bah, directeur de la compagnie théâtrale La Muse et du festival biennal l’Univers des mots. « Nous organisons une édition spéciale sur le thème “Nos migr’actions”, avec la participation d’auteurs guinéens, belges, suisses, canadiens, burkinabè et camerounais, qui écriront à partir de témoignages de migrants », explique ce dernier.

Pour lui, l’immigration est devenue « un fléau », une « urgence mondiale, qui prive l’Afrique de ses cerveaux, de ses bras valides et envahit l’Occident qui n’a pas les moyens d’accueillir tout le monde ».

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