Troisième mandat de Paul Kagamé : « Nul ne doit être considéré comme irremplaçable »
Selon l’avocat Thierry Kevin Gatete, la réforme constitutionnelle qui permet au président Paul Kagamé de se représenter à la prochaine élection présidentielle crée « un précédent dangereux ».
L’odyssée rwandaise
Depuis 1994, le Rwanda s’efforce de changer son image de pays meurtri et de reconstruire une société prospère. Même si d’énormes progrès peuvent être constatés, les critiques à l’égard de la politique de Paul Kagamé sont fréquentes. Qu’est devenu le Rwanda ? Jeune Afrique s’est rendu sur place.
«Même si je me rends bien compte que c’est ce que désirent majoritairement les Rwandais, je suis mal à l’aise à l’idée qu’on personnalise la Constitution. »
En juillet 2015, Thierry Kevin Gatete, blogueur et avocat spécialiste des droits humains, déposait donc devant la Cour suprême un mémoire au nom du Centre rwandais pour les droits de l’Homme à l’appui de la requête du Parti vert visant à contester la réforme constitutionnelle qui permet au président Paul Kagamé de se représenter, le 4 août, au terme de son deuxième mandat. « Je trouve qu’on crée là un précédent dangereux, commente l’intéressé. Même si le Rwanda a un bon président, nul ne doit être considéré comme irremplaçable. »
Dans son argumentaire, Me Gatete invoquait la nuance entre « le peuple rwandais », auquel se réfère le préambule de la Constitution, et l’opinion publique rwandaise, qui a choisi, en décembre 2015, d’accorder par référendum, à une écrasante majorité, une dérogation sur mesure à Paul Kagamé.
4 millions de signatures
Contrairement à l’opinion publique, à l’origine de la pétition qui avait recueilli près de 4 millions de signatures et qui avait ouvert la voie à cette révision constitutionnelle, « le peuple rwandais inclut [les] ancêtres et [les] descendants, qui, bien que n’ayant signé aucune pétition, se retrouvent eux aussi affectés par une décision qui modifie l’un des principes essentiels sur lesquels est fondée notre Constitution », écrivait-il.
« Je savais que la cause était perdue d’avance. Mais je ne voulais pas qu’on puisse dire devant l’Histoire qu’aucune voix discordante ne s’était fait entendre », conclut l’avocat.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles