Guinée : Fifi Tamsir Niane, reine de la culture à Conakry
La créatrice du centre culturel Le Petit Musée a plus d’une corde à son arc. Réalisatrice, comédienne, peintre, elle a été désigné vice-commissaire de l’événement de cette année : Conakry Capitale mondiale du livre.
La Guinée reprend des couleurs
Malgré l’épidémie d’Ebola et la chute des prix des matières premières, la Guinée semble surmonter les difficultés. Sa croissance est en hausse mais les enjeux sociaux sont toujours sur la table des priorités.
Quand elle parle de son pays, elle dit « notre Guinée ». Avec parfois une pointe de nostalgie, cette brisure de l’éternelle exilée qui, lorsqu’elle était enfant, a dû quitter sa terre natale pour fuir au Sénégal le régime de Sékou Touré. Ce qui la privera de son père, emprisonné pour conspiration en novembre 1961, juste avant sa naissance. « J’avais trois ou quatre ans lorsque je l’ai vu pour la première fois, se souvient Fifi Tamsir Niane. Il m’en reste une sensation de force, de mouvement autour de moi. Depuis, toute ma vie est liée à ce père intellectuel, dont on dit que je suis le portrait craché. »
Princesse peule
Même silhouette élancée, élégante, un rien aristocratique. Comme sa sœur Katoucha – l’ex-égérie du couturier Yves Saint Laurent, qui fut retrouvée noyée dans la Seine, en banlieue parisienne, en février 2008 –, Fifi Tamsir Niane a toujours eu l’allure d’une princesse peule. Ex-épouse de l’ancien ministre Nabi Youssouf Kiridi Bangoura, elle s’est remariée, en juillet 2016, à 54 ans, avec l’ancien ambassadeur de France en Guinée, Bertrand Cochery, désormais en poste à Brazzaville, où le couple réside depuis quelques mois. Vice-commissaire de Conakry Capitale mondiale du livre, elle est rentrée à Conakry depuis le début de janvier pour préparer l’événement, qui sera lancé le 23 avril.
Une femme de théâtre et du grand écran
Peintre, comédienne, dramaturge, réalisatrice… Fifi Tamsir Niane est tellement polyvalente qu’il est difficile de la résumer en quelques mots. Elle a eu la chance de croiser sur son chemin de grands noms du cinéma et du théâtre universel, comme le Britannique Peter Brook, qui la fit jouer dans sa pièce Mahabharata, en 1985. Elle croit au destin, qu’elle n’a jamais cessé de provoquer.
« Un jour, j’ai appelé Jean Rouch à son bureau du Musée de l’homme, il a répondu. On a tout de suite accroché. J’ai participé à plusieurs de ses films. » Elle jouera dans Dionysos (sélection officielle au festival de Venise en 1984) et coréalisera avec lui Bac ou Mariage (1989), une pièce qu’elle a écrite avec Gérard Noyer en 1987. Mystique, elle évoque une « force supérieure » lorsqu’elle parle de sa carrière, ou de l’évolution du Petit Musée depuis sa création, en 1998, son « enfant devenu adulte », sans doute sa plus grande fierté.
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