Environnement : 2017, une année décisive pour Veolia en Afrique

Le leader mondial de l’eau et des déchets attend des décisions cruciales au Gabon, en Égypte et au Maroc, trois marchés essentiels pour son avenir sur le continent.

Le contrat d’eau et d’électricité du groupe français au Gabon s’achève en juin. © Christophe Majani d’Inguimbert/VEOLIA

Le contrat d’eau et d’électricité du groupe français au Gabon s’achève en juin. © Christophe Majani d’Inguimbert/VEOLIA

Publié le 8 mars 2017 Lecture : 4 minutes.

L’année démarre sous de bons auspices pour Veolia en Afrique. Au Sénégal, le numéro un mondial des services à l’environnement (eau, déchets, énergie, etc.) a remporté la construction d’une usine de déferrisation d’eau à Dakar. Au Niger, où le français gère depuis 2001 la production et la distribution d’eau, il vient de signer un accord pour l’élaboration d’un programme de gestion des ordures à Niamey. Deux nouvelles encourageantes, donc, pour entamer une année 2017 qui s’annonce décisive sur les principaux marchés de Veolia.

Renouvellement incertain du contrat avec le Gabon

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Au Gabon, tout d’abord, son contrat d’eau et d’électricité datant de 1997 s’achèvera en juin. Si l’État n’a pas lancé d’appel d’offres pour réattribuer la concession de sa filiale (à 51 %), la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), il n’a pas non plus acté la reconduction du français – contacté, le ministère n’a pas donné suite à nos questions.

Et les relations réputées tumultueuses entre les deux parties n’étaient dernièrement pas au beau fixe. Fin décembre, Antoine Boo, directeur général de la SEEG, déclarait sa société au bord de la faillite, plombée par 65 milliards de F CFA (99 millions d’euros) d’arriérés de l’État, tandis que le ministre de l’Énergie, Guy-Bertrand Mapangou, pestait en retour contre la qualité du service, l’accueil des clients ou encore la vétusté de certains ouvrages gérés par la SEEG.

L’année 2017 devrait solder l’épisode de conflit avec l’Égypte, qui confère à Veolia l’image négative d’une entreprise procédurière.

Malgré tout, Veolia entend bien rester dans ce pays. « Sur les vingt dernières années, nous avons normalement gagné notre vie », justifie Patrice Fonlladosa, son directeur Afrique - Moyen-Orient. La SEEG affichait en 2015 un résultat net de 7,3 milliards de F CFA. Mais, au-delà des revenus qu’il génère, une goutte d’eau pour Veolia (25 milliards d’euros de chiffre d’affaires), le Gabon est avant tout une vitrine pour ses ambitions en Afrique. Le groupe français, qui postule pour l’importante concession du Ghana, entend y conforter sa place parmi les distributeurs d’électricité. [Le 6 mars 2017, le ministre de l’économie gabonais a annoncé que Veolia a été prolongé pour cinq ans]

Relations tendues avec Rabbat

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Au Maroc, l’autre bastion de Veolia en Afrique, l’enjeu est aussi important. Le français souhaite y développer ses services auprès des industriels. Une stratégie dans la ligne des priorités mondiales du groupe, qui souhaite ainsi rééquilibrer ses revenus entre clients municipaux et entreprises. Mais il lui faut d’abord pacifier ses relations, tendues depuis plusieurs années, avec les autorités de Tanger et de Rabat, où il gère l’eau, l’électricité et l’assainissement.

Récemment, un accord a pu être trouvé pour sa filiale Amendis, à Tanger. Mais les négociations s’avèrent plus difficiles à Rabat. « La situation politique n’est pas la même, c’est très dur, même si le niveau de profitabilité est très bon », explique Patrice Fonlladosa, soulignant qu’il attend de « stabiliser la situation » pour démarrer deux projets industriels déjà bouclés : le premier concerne la gestion de déchets dangereux pour des hôpitaux ; le deuxième la construction d’une unité de démantèlement de navires.

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Régler le différend avec l’Égypte

En Égypte, enfin, le groupe connaîtra d’ici à novembre le verdict du Cirdi, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements, dans l’affaire qui l’oppose à Alexandrie. Veolia réclame 140 millions d’euros à la ville égyptienne, où il était chargé de la gestion des déchets avant de claquer la porte, en 2011, au terme d’un long conflit et dans un contexte politique mouvementé.

S’il n’est plus actif aujourd’hui auprès des municipalités égyptiennes, il n’exclut pas d’y retourner. « Nous ne le ferons pas avant qu’un règlement soit trouvé au Cirdi, même si des clients égyptiens nous contactent », précise Patrice Fonlladosa, précisant que les procédures du Cirdi peuvent en cas d’accord être interrompues à tout moment…

Dans les deux cas, l’année 2017 devrait solder cet épisode, qui lui confère l’image négative d’une entreprise procédurière. « Commercialement, c’est difficile à expliquer à nos clients », admet-il, évoquant à la fois ses interlocuteurs en Égypte et au-delà. Sur la même lancée que pour le Sénégal et le Niger, il vise notamment la Côte d’Ivoire et le Nigeria dans les mois à venir.

LE GHANA SE FAIT ATTENDRE

Associé à EDF, Veolia fait partie des six candidats présélectionnés pour la mise en concession de la distribution d’électricité au Ghana.

Attendu fin 2016, l’appel d’offres a été reporté une première fois en raison de l’élection présidentielle de décembre. Il n’est désormais pas attendu avant le second semestre de cette année. Selon nos informations, le gouvernement de Nana Akufo-Addo serait divisé à son propos

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