Musique : Soul Bang’s, un bon supplément d’âme

Après avoir accumulé les récompenses en 2016, Soul Bang’s sort un troisième album : Cosmopolite. Un mélange des rythmes, des sons et des générations plutôt réussi.

Souls Bang’s (Souleymane Bangoura) lauréat du prix RFI et un des chef de file de la musique urbaine en Guinée, en janvier 2017, à Conakry. © Youri Lenquette/JA

Souls Bang’s (Souleymane Bangoura) lauréat du prix RFI et un des chef de file de la musique urbaine en Guinée, en janvier 2017, à Conakry. © Youri Lenquette/JA

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Publié le 8 mars 2017 Lecture : 3 minutes.

Gare routière de Conakry. Vue du marché de Madina de Conakry, le 10 décembre 2012. © Sylvain Cherkaoui/JA
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La Guinée reprend des couleurs

Malgré l’épidémie d’Ebola et la chute des prix des matières premières, la Guinée semble surmonter les difficultés. Sa croissance est en hausse mais les enjeux sociaux sont toujours sur la table des priorités.

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Le duo formé par Souleymane Bangoura, alias Soul Bang’s, 24 ans, et son manager, Mouctar Telly Diallo, 26 ans, confirme qu’« aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Vainqueur en 2015 du concours Impulse It (qui récompense à Paris les musiciens afro-caribéens), sacré meilleur artiste francophone aux African Entertainment Awards (États-Unis) et lauréat du prix Découvertes RFI (en France) fin 2016, couronné meilleur artiste guinéen de l’année par l’émission Rétrospective People, en janvier… Soul Bang’s collectionne les trophées. Et il ne compte pas s’arrêter là.

Souleymane Bangoura n’a que 11 ans lorsqu’il intègre un petit groupe de rap

« Ce n’est qu’un début. Mais quand on sait d’où l’on vient et où l’on va, on garde la tête sur les épaules », dit en souriant celui que l’on surnomme le R’n’B Boss. S’il est ambitieux, il n’en oublie pas moins de souligner que son succès est le résultat d’un travail collectif. Désormais, il devrait aussi s’appuyer sur son épouse, la chanteuse Manamba Kanté – fille d’une autre icône de la musique guinéenne, Mory Kanté –, avec laquelle il a convolé en justes noces en mai 2016. « On va forcément se donner des idées, confie-t-il. C’est une super chanteuse ! »

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Le rap, un rêve de gosse

Souleymane Bangoura n’a que 11 ans lorsqu’il intègre un petit groupe de rap de Conakry, Micro Méga. Quatre ans plus tard, en 2007, il décide de se lancer en solo et, en 2011, sort son premier album, Dimédi (« enfant », en soussou) : un succès immédiat, qui vaut déjà quelques prix nationaux à « Souleymane le soulman ». Sa réputation de pionnier du R’n’B guinéen est confortée dès l’année suivante avec un nouvel album, Évolution, jugé cependant trop occidental.

Kery James a dit que je suis une sorte de pont entre les anciens et la nouvelle génération

Il rêvait de « faire du R’n’B à l’américaine », de chanter exclusivement dans les langues de Shakespeare ou de Molière et, pourquoi pas, de rivaliser avec des stars telles que Chris Brown. Un combat perdu d’avance, comme le lui fait remarquer son ingénieur du son, Junior de Fouza, qui lui remet les pieds sur terre : « Soul, tu ne peux pas chanter en anglais mieux que les Américains. Chante surtout dans ta langue ! »

Culture africaine affirmée

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Depuis, la voix claire de Soul Bang’s charme en soussou, en malinké et en poular, les principales langues du pays (parfois saupoudrées d’un soupçon d’anglais ou de français), sur des mélodies où instruments et rythmes traditionnels se mélangent aux sons les plus modernes. Une alchimie qui lui a permis de décrocher, en novembre 2016, le prix Découvertes RFI, dont le jury était présidé par le rappeur français Kery James – « il a dit que je suis une sorte de pont entre les anciens et la nouvelle génération », se réjouit Soul Bang’s.

Le clip de « Faré Bombo M’bai » a enregistré 16 000 vues en moins de vingt-quatre heures

Doté de 10 000 euros et d’une tournée dans une dizaine de pays africains, ce prix apporte aussi davantage de visibilité à l’artiste (qui n’a pas de producteur), de même que le contrat qu’il a signé avec l’opérateur sud-africain de téléphonie MTN pour être l’égérie de sa nouvelle campagne de publicité.

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Succès attendu de Cosmopolite

Dans son petit bureau du jardin du 2-Octobre, à l’entrée de Kaloum, Mouctar Telly Diallo, le manager de Soul, a préparé activement avec son équipe la sortie du troisième album, Cosmopolite, très attendu. L’auteur-compositeur-interprète y livre des titres originaux aux couleurs du R’n’B « à sa façon ». Il chante aussi sur des musiques de Djéré Fouta, groupe de gnamakala (griots) peul de Moyenne-Guinée, et de feu Sory Kandia Kouyaté, la voix d’or qui, en 1975, réconcilia les présidents de la Haute-Volta (aujourd’hui Burkina Faso) et du Mali en chantant l’histoire des deux pays, jadis parties du même empire mandingue.

Après le clip d’« Itomou Sérieux », visible sur YouTube depuis la mi-novembre, celui de « Faré Bombo M’bai », mis en ligne le 27 janvier, a enregistré 16 000 vues en moins de vingt-quatre heures. Cette vidéo tournée en Guinée, qui invite jeunes et moins jeunes à suivre les pas du faré gnakhi (danse 100 % guinéenne), comme une bouffée de joie communicative et transgénérationnelle, a continué de récolter en moyenne 10 000 vues par jour jusqu’à la sortie officielle de Cosmopolite, le dimanche 12 février, avec un mégaconcert sur l’esplanade du Palais du peuple de Conakry.

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