Guinée : les affaires reprennent pour les hôteliers
La crise sanitaire passée, deux nouveaux établissements haut de gamme ont ouvert dans la capitale fin 2016.
La Guinée reprend des couleurs
Malgré l’épidémie d’Ebola et la chute des prix des matières premières, la Guinée semble surmonter les difficultés. Sa croissance est en hausse mais les enjeux sociaux sont toujours sur la table des priorités.
En 2013 ouvrait le Palm Camayenne, premier cinq-étoiles du pays (propriété de l’État, entièrement rénové par le groupe espagnol Unicon, qui en assure la gestion). L’année suivante, ce fut le tour du Millenium, également situé à Dixinn, sur la corniche Nord. Fin 2016, deux nouveaux établissements ont ouvert leurs portes : le Sheraton Grand Conakry, dans le quartier de Kipé, et le Noom Hotel, à Kaloum. Alors que le tourisme d’agrément est encore à l’état embryonnaire, que le pays se relève à peine de l’épidémie d’Ebola et que plus de 55 % de la population (27,4 % à Conakry) vit au-dessous du seuil de pauvreté, ces luxueux complexes ne sont-ils pas trop onéreux, trop grands et trop nombreux ? C’est la question que beaucoup se posent.
Créer des emplois et attirer les clients étrangers
Pour les pouvoirs publics comme pour les gérants, ces établissements font partie du développement de l’infrastructure de la capitale, dont la capacité d’hébergement n’était pas à la hauteur. Générateurs de revenus, ils permettent d’accueillir une clientèle d’affaires et des réunions ou conférences de plus en plus nombreuses depuis la relance des activités économiques, début 2016. Ils créent des emplois et attirent de nouveaux voyageurs.
Notre objectif est d’aller au-delà des attentes de nos clients, pour leur offrir une expérience nouvelle, moderne et mémorable
« Nous sommes convaincus que ces hôtels génèrent leur propre demande et ouvrent le pays à un plus grand nombre de clients internationaux. Conakry étant la porte d’entrée pour découvrir le reste du pays, un complexe tel que le nôtre aide à positionner la destination sur la carte », assure Helga Deboeck, la directrice générale du Sheraton Grand Conakry.
Dans la démesure ?
Construit sur le littoral nord de la capitale à quelques pas de la très chic cité internationale Plaza Diamant, dans le paisible quartier résidentiel de Kipé, à la fois hors des embouteillages du centre-ville et à proximité de l’aéroport international de Gbessia, le Sheraton Grand Conakry a ouvert ses portes en décembre 2016.
Premier établissement en Afrique de l’Ouest du groupe américain Starwood Hotels & Resorts (filiale de Mariott International), ce cinq-étoiles n’a lésiné ni sur la « grandeur » ni sur les services haut de gamme, avec 269 chambres et suites (qui ont toutes vue sur l’océan), 1 300 m2 d’espaces de réunions et de conférences modulables, un centre de fitness de 300 m2 (avec spa, sauna, hammam et jacuzzi), une piscine à débordement, deux restaurants (Feast et Hot & Blue), une pâtisserie (La Parisienne), un bar lounge (O2 Lounge)…
Moderne et chic
Dans tout l’établissement, le design très contemporain rehaussé de quelques touches locales, notamment des tissus venant des quatre régions naturelles du pays, crée une atmosphère moderne, épurée et élégante. Le haut de gamme du bien-être, sans luxe ostentatoire. Même concept et même constat côté restauration, où le chef italien, Antonio Moreno, et son adjoint, Vijendra Kundun, proposent une cuisine internationale – plutôt méditerranéenne –, à laquelle ils ont su intégrer le meilleur des recettes guinéennes et des spécialités ouest-africaines.
« Avec les produits locaux, on peut innover et s’adapter à la culture culinaire du pays. Il y a toujours un trésor à découvrir ! » explique Antonio Moreno. Le chef, qui a exercé ses talents en Europe, aux État-Unis, aux Émirats arabes unis et en Afrique, ne manque pas de créativité pour cuisiner la patate douce, le manioc, la Belle de Guinée (la célèbre pomme de terre du Fouta-Djalon) ou le très prisé konkoé (poisson des côtes ouest-africaines).
Quartier des affaires
« Notre objectif est d’aller au-delà des attentes de nos clients, pour leur offrir une expérience nouvelle, moderne, mémorable et s’imposer comme une nouvelle référence des services en Afrique de l’Ouest, explique Helga Deboeck. Nous avons constaté une réaction très positive dès l’ouverture de l’établissement et sommes persuadés que cela ne fera que croître au cours de cette année 2017. »
À Kaloum, centre administratif et des affaires, sur le littoral sud de la presqu’île, le Noom Hotel, cinq-étoiles géré par le groupe hôtelier Mangalis (filiale du holding Teyliom, de l’entrepreneur sénégalais Yérim Sow), a été inauguré fin septembre 2016. Le bâtiment en forme de paquebot compte 187 chambres et suites sur cinq étages, un restaurant les pieds dans l’eau (L’Adresse), deux bars, ainsi qu’un centre de conférences d’une capacité de 500 personnes, légèrement à l’écart pour ne pas affecter la tranquillité des clients.
C’est la preuve que l’activité économique est en train de reprendre
« Notre hôtel s’adresse plutôt à une clientèle d’affaires, précise le directeur général du Noom, Jean-François Rémy. Nous créons d’ailleurs des partenariats avec les entreprises locales en leur proposant des contrats corporate, qui leur permettent de bénéficier de prix spéciaux – de 185 à 240 euros la nuitée – pour héberger leurs visiteurs, leurs collaborateurs ou leurs consultants », pour la plupart ressortissants d’Afrique de l’Ouest (40 %) ou Occidentaux (60 %).
Les vols reprennent après l’épidémie d’Ebola
Si le nombre de touristes de loisirs qui choisissent la destination Guinée est encore anecdotique, depuis la fin de l’épidémie d’Ebola, en décembre 2015, la clientèle d’affaires, elle, est bien de retour. Une dizaine de compagnies aériennes desservent la capitale : Air France, Brussels Airlines, Air Côte d’Ivoire, Royal Air Maroc, Mauritania Airlines… D’autres transporteurs qui avaient suspendu leurs rotations avec Conakry viennent de les reprendre – Emirates depuis octobre 2016, Ethiopian Airlines depuis février.
Mieux, deux nouvelles compagnies ont inauguré des liaisons régulières, le français Aigle Azur (fin octobre 2016) et Turkish Airlines (fin janvier), et d’autres compagnies ont annoncé leur arrivée en 2017, parmi lesquelles Rwandair et Goldstar Air, le nouvel opérateur ghanéen. « C’est la preuve que l’activité économique est en train de reprendre, souligne Jean-François Rémy. D’où l’intérêt d’ouvrir de nouveaux établissements, car l’offre hôtelière était vieillissante et il y a une réelle demande d’hébergement. »
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles