Gabon : au cabinet présidentiel, le style Accrombessi, c’est fini

Martin Boguikouma a hérité des clés du cabinet présidentiel, mais ne s’est pas installé dans le bureau de son prédécesseur, l’incontournable Maixent Accrombessi.

Ali Bongo prête serment en septembre 2016, à Libreville. © Jeremi Mba/AP/SIPA

Ali Bongo prête serment en septembre 2016, à Libreville. © Jeremi Mba/AP/SIPA

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Publié le 13 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba lors de son investiture pour un second mandat de sept ans, à Libreville, le 27 septembre 2016. © Jeremi Mba/AP/SIPA
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Le Gabon en train de faire peau neuve ?

Depuis sa réélection houleuse en août 2016, Ali Bongo Ondimba semble décidé à rafraîchir son entourage politique. Réel changement de cap stratégique ou simple assainissement en vue de regagner la confiance de l’opinion publique ?

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Volonté de marquer une rupture de style ou refus d’« insulter » l’avenir ? L’intéressé n’en dit rien. Celui qui se compare à la tortue luth – une espèce menacée dont la Pointe Denis, au large de Libreville, est le sanctuaire – voit loin mais avance prudemment. Malin, comme savent l’être les Tékés de Bongoville, qui ont eu Omar Bongo Ondimba pour maître, il ne dit du mal de personne. Surtout pas de l’ancien directeur de cabinet, même s’il a choisi de travailler autrement.

Exemplarité exigée

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Ainsi, Boguikouma ne veut pas être le passage obligé et inévitable pour ceux qui veulent accéder au bureau du chef de l’État. « Mon devoir est d’aider le président à décider de ce qui fera avancer le pays. Pas de le couper des réalités du terrain », explique-t-il. Exécuter les instructions présidentielles, les transmettre aux ministres, assurer le suivi des dossiers… Cet homme peu mondain ne fait plus que ça.

Diplômé de l’université d’Ottawa, où il a connu l’actuel Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, il considère que l’exemplarité des fonctionnaires de la présidence est le premier rempart susceptible de « protéger » son patron.

Boguikouma n’est pas Accrombessi

Dans la vaste pièce du Palais où il travaille et reçoit ses visiteurs, le quadragénaire révèle toute la complexité de sa personnalité. L’ancien cadre de BGFIBank peut se montrer affable comme un banquier quand il juge son interlocuteur digne d’intérêt. Puis l’ancien gouverneur de région peut céder à son tempérament d’homme à poigne, faisant claquer ses ordres.

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Martin Boguikouma n’est pas Maixent Accrombessi et ne veut pas le devenir. Ce dernier ayant quitté précipitamment le pays après son accident vasculaire cérébral, il n’a pas pu briefer son successeur sur les dossiers en instance. Les deux hommes se parlent donc beaucoup au téléphone.

Un travail d’équipe

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Cousin du chef de l’État, Martin Boguikouma n’en est pas pour autant un intime. Par ailleurs, à l’exercice personnel du pouvoir il préfère le travail d’équipe. Les réunions de coordination sont désormais hebdomadaires à la présidence. Le directeur de cabinet creuse son sillon en cultivant une image d’humilité, de probité et de rigueur.

« On ne peut pas être un bon gouverneur à Port-Gentil si l’on ne sait pas se faire respecter des pétroliers », est-il convaincu.

Cela passe selon lui par le refus de la corruption et des arrangements avec les hommes d’affaires au détriment de l’intérêt général. Voilà les investisseurs indélicats prévenus.

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