Arabie saoudite : Sarah al-Souhaimi, première femme à la tête d’une institution gouvernementale
En 2014, elle devenait la première Saoudienne à diriger une banque. Aujourd’hui, Sarah al-Souhaimi a franchi un nouveau palier en prenant la tête de la Bourse de Riyad. Portrait.
Ses très rares portraits montrent une jeune femme à la peau claire et aux yeux bruns revêtue de l’abaya qu’endossent toutes les Saoudiennes. Mais Sarah al-Souhaimi, 39 ans, est loin d’être une anonyme.
Le 16 février, elle a été élue à l’unanimité à la tête de Tadawul, la Bourse de Riyad, incontournable place financière du monde arabe, par un directoire exclusivement masculin composé des représentants de la banque centrale et des ministères des Finances et du Commerce. Une nomination aussi inédite que remarquable puisqu’elle est la première femme à prendre la direction d’une institution gouvernementale saoudienne. Une promotion qui ne doit rien au hasard.
Succès unanime à la NCB Capital
Habituée de la sphère de la haute finance, Sarah al-Souhaimi s’était déjà distinguée en 2014 en devenant la première femme PDG d’un établissement bancaire, la National Commercial Bank (NCB Capital), une banque d’investissement saoudienne.
Une brèche s’est ouverte, et j’espère qu’elle deviendra une porte
La restructuration qu’elle impulse introduit de telles innovations en matière de produits et d’outils technologiques que NCB Capital devient le plus important gérant d’actifs conformes à la charia du royaume, mais aussi à l’échelle mondiale, et se range parmi les trois intermédiaires boursiers majeurs du marché saoudien. La jeune banquière est si performante qu’elle a conservé son poste malgré ses nouvelles responsabilités à la tête de Tadawul.
Parcours exceptionnel
Certains assurent qu’elle marche sur les pas de son père, Jammaz al-Souhaimi, brillant financier, actuel patron de la Gulf International Bank, à Bahreïn, et qui présidait la Capital Market Authority (CMA) en 2004. Cette filiation a sans nul doute joué dans l’orientation professionnelle de Sarah. Malgré sa veine littéraire – c’est une férue d’auteurs classiques arabes –, elle décroche un diplôme en sciences administratives, spécialité comptabilité, à l’université du Roi-Saoud, avant de poursuivre un cursus de gestion générale à Harvard, aux États-Unis, qu’elle a achevé en 2015.
Parallèlement à ses études, elle entame un parcours professionnel exceptionnel pour une Saoudienne. En 2007, elle débute comme gestionnaire de portefeuille senior au Samba Financial Group, puis devient directrice des investissements chez Jadwa Investment, avant d’être choisie, en septembre 2013, pour siéger au sein du comité consultatif de la CMA, où elle restera deux ans.
Marchés internationaux
Le principal défi que doit relever la nouvelle patronne de la Bourse de Riyad, qui jouit d’une grande considération au sein de la famille royale, est d’attirer plus d’investissements étrangers, conformément à l’objectif de l’Arabie saoudite de diversifier son économie afin de sortir de sa dépendance aux hydrocarbures.
Elle poursuivra l’action de son prédécesseur, Khalid al-Hussan, pour obtenir que la place de Riyad, qui pèse 439 milliards de dollars, obtienne le statut de marché émergent. C’est sous sa houlette qu’aura lieu, en 2018, l’introduction en Bourse de la compagnie pétrolière Saudi Aramco, qui promet d’être la plus importante offre publique de vente (IPO) de l’histoire.
Un exemple pour toutes les femmes saoudiennes
Sans être militante féministe, Sarah al-Souhaimi a ainsi ouvert la voie aux Saoudiennes, qui peuvent désormais prétendre à de hautes charges. Dans son sillage, Rania Mahmoud Nashar vient d’être désignée directrice générale de Samba Financial Group.
Des nominations qui s’inscrivent dans le cadre du programme de réformes économiques et sociales voulues par le roi Salman qui vise à développer le rôle des femmes dans le monde du travail. « Une brèche s’est ouverte, et j’espère qu’elle deviendra une porte », se prend à rêver Soumayya Jabarti, rédactrice en chef de la Saudi Gazette.
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