Wilson-André Ndombet : « Ali Bongo Ondimba veut rééquilibrer l’échiquier politique »

Historien et politologue, Wilson-André Ndombet enseigne à l’université Omar-Bongo de Libreville. Auteur de plusieurs ouvrages, il est spécialiste des développements politiques au Gabon depuis l’indépendance. Selon lui, il ne faut pas attendre beaucoup des remaniements gouvernementaux et du dialogue national. Ils seraient avant tout stratégiques.

Enseignant à l’université Omar-Bongo de Libreville, Wilson-André Ndombet étudie les développements politiques du pays depuis l’indépendance. © François Zima/JA

Enseignant à l’université Omar-Bongo de Libreville, Wilson-André Ndombet étudie les développements politiques du pays depuis l’indépendance. © François Zima/JA

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 13 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba lors de son investiture pour un second mandat de sept ans, à Libreville, le 27 septembre 2016. © Jeremi Mba/AP/SIPA
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Le Gabon en train de faire peau neuve ?

Depuis sa réélection houleuse en août 2016, Ali Bongo Ondimba semble décidé à rafraîchir son entourage politique. Réel changement de cap stratégique ou simple assainissement en vue de regagner la confiance de l’opinion publique ?

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Jeune Afrique : Depuis la réélection contestée d’Ali Bongo Ondimba, le Premier ministre a été remplacé, le ministre du Pétrole limogé et son ancien directeur de cabinet, Maixent Accrombessi, est en convalescence à Londres… Assiste-t-on à un changement majeur dans la façon de gouverner du président ?

Wilson-André Ndombet : Il y a effectivement des changements notables au sommet de l’État, une volonté d’apporter une réponse à la demande de renouvellement politique formulée par les Gabonais lors de l’élection. Mais on assiste en fait à un retour progressif de personnalités issues de régions auparavant peu représentées dans les sphères du pouvoir.

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On voit bien que la nomination d’Emmanuel Issoze Ngondet au poste de Premier ministre est une récompense pour l’Ogooué-Ivindo, d’où il est originaire. Il y a donc une forme de renouvellement politique, mais celle-ci s’effectue dans un cadre stratégique hérité de l’ancien parti unique et basé sur le jeu des rapports de force régionaux.

Peut-on assimiler ce renouvellement, certes relatif, à un changement de génération ?

Oui, en partie. De façon assez logique, il y a un renouvellement du personnel politique dans la haute administration, même si cela n’entraîne pas de bouleversement au niveau du gouvernement. Et il y a une volonté de promouvoir les jeunes diplômés hautement qualifiés qui ont accompagné et majoritairement soutenu Ali Bongo Ondimba lors du dernier processus électoral.

Étienne Ngoubou a été remplacé au ministère du Pétrole par Pascal Houangni Ambouroué. Faut-il y voir un coup de fouet donné à une économie mal en point ?

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Cela aurait sans doute été souhaitable, mais, en réalité, les personnes chargées de l’économie sont presque toutes restées en place. Dans ce domaine, il y a plutôt une continuité avec ce qui se faisait sous l’ancien Premier ministre Daniel Ona Ondo.

Que doit-on attendre du dialogue national voulu par Ali Bongo Ondimba ?

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Je ne pense pas qu’il faille attendre un grand changement. Il faut se souvenir qu’Omar Bongo Ondimba a lui aussi lancé un tel dialogue en 1994 pour régler les problèmes nés de sa réélection en décembre 1993.

Il y a sans doute aujourd’hui chez Ali Bongo Ondimba une même volonté d’organiser le pardon pour ceux par qui on estime avoir été trahi. À mon avis, ce type de dialogue résout éventuellement des problèmes au sommet de l’État, entre les partis politiques. Mais cela n’apporte pas de solutions aux problèmes de fond des Gabonais.

Les préparatifs de ce dialogue ont tout de même été l’occasion de consulter la société civile gabonaise…

Certes, il y a une consultation de la société civile, comme lors de la conférence nationale de 1990. Cela peut être positif, mais, comme à cette époque, je ne crois pas que cela va changer beaucoup de choses.

Ali Bongo Ondimba cherche sans doute aujourd’hui à organiser un rééquilibrage de l’échiquier politique, à l’instar de son père en 1994. Il s’agit à mon avis davantage d’apaiser des personnalités et des partis qui veulent conquérir une part du pouvoir.

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