Les artistes contemporains africains à l’honneur de la foire Art Paris Art Fair 2017

La foire Art Paris Art Fair consacre cette année un focus spécifique à l’Afrique, sous la houlette de la commissaire Marie-Ann Yemsi. L’occasion de découvrir toute une nouvelle génération d’artistes.

Mario Macilau est l’un des artistes exposés à la foire d’art contemporain 2017 de Paris. Ici, « Boy with his toy pistol ». © Ed Cross Fine Art

Mario Macilau est l’un des artistes exposés à la foire d’art contemporain 2017 de Paris. Ici, « Boy with his toy pistol ». © Ed Cross Fine Art

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 27 mars 2017 Lecture : 3 minutes.

Enfin ! Depuis des années, les artistes contemporains issus du continent africain revendiquent le droit d’être considérés comme les autres. En créant la foire 1:54 en 2013, la Marocaine Touria El Glaoui savait qu’elle prenait le risque de créer un ghetto d’artistes africains, mais c’était pour elle le seul moyen de bouleverser l’ordre établi et d’imposer sur le marché les couleurs et les vibrations de l’Afrique – et de ses 54 composantes.

Aujourd’hui, elle peut savourer sa victoire : la foire Art Paris Art Fair, qui se tient au Grand Palais (Paris), du 30 mars au 2 avril, met l’Afrique à l’honneur en évitant les écueils de l’exotisme, du déjà-vu et de la condescendance.

On a toujours un temps de retard dans notre regard sur l’Afrique.

Guillaume Piens, commissaire général de la manifestation, reconnaît le rôle fondateur de 1:54 dans sa démarche : « Touria El Glaoui a fait un travail essentiel, qui a représenté une source d’inspiration. Notre voyage en Afrique a commencé par là. » Accompagné par la commissaire Marie-Ann Yemsi, dont il avait apprécié l’exposition « Odyssées africaines » (Bruxelles, 2015), Piens a choisi de se démarquer en favorisant une scène jeune, féminine, peu connue dans l’Hexagone.

« L’exposition “Magiciens de la Terre” a sorti l’art africain de l’ethnologie, en 1989, mais on a toujours un temps de retard dans notre regard sur l’Afrique, qui reste souvent celle de la statuaire classique. Il n’y a pas beaucoup eu d’actualisation de notre point de vue, et les gens réduisent vite la scène africaine à la photographie de studio et à l’objet recyclé alors qu’il existe une génération de trentenaires qui est pleinement dans le monde. »

35 galeries sélectionnées

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Marie-Ann Yemsi a donc choisi de ne pas parquer ensemble les galeries représentant des artistes africains, elle a veillé à sélectionner à la fois des valeurs sûres (Magnin-A, October Gallery, Art Twenty One) et des espaces en devenir (Afriart Gallery), soucieuse de ne pas se cantonner à la sphère francophone. « Il y a une histoire en Afrique, précise Piens, la génération des artistes d’aujourd’hui n’est pas une génération spontanée. »

À travers les quelque vingt galeries africaines sélectionnées et les quinze autres qui présentent des artistes africains ou de la diaspora, visiteurs et collectionneurs pourront aussi bien avoir accès à des œuvres du Sénégalais Ousmane Sow qu’à des pièces du Ghanéen Serge Attukwei Clottey, de l’Angolais Delio Jasse ou de la Malawite Billie Zangewa.

Un programme vidéo consacré aux artistes africains permettra de montrer une juste réalité aux quelque 50 000 visiteurs attendus par cette foire rassemblant 139 galeries. Il ne s’agit plus de mettre du vieux dans du wax, mais bien de donner la parole aux acteurs contemporains.

Mohau Modisakeng

Né en 1986 à Johannesburg (Afrique du Sud)

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Ses photographies sont des sculptures. Le noir et le blanc y dominent, le corps de l’artiste s’impose avec intensité.

Mohau Modisakeng convoque l’histoire de l’Afrique du Sud, les crimes et la violence de l’apartheid, pour un règlement de comptes symbolique. La série Endabeni a été réalisée à Ndabeni, près de Cape Town, où le principe même de ségrégation prit forme dans le pays au début du XXe siècle.

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Endabeni 8, Tyburn Gallery et Whatiftheworld

Prix : entre 5 000 et 10 000 euros

Mohau Modisakeng, Endabeni 8, 2015 © courtesy Tyburn Gallery/WHATIFTHEWORLD

Mohau Modisakeng, Endabeni 8, 2015 © courtesy Tyburn Gallery/WHATIFTHEWORLD

Mário Macilau

Né en 1984 à Maputo (Mozambique)

Enfant de la rue de Maputo, Mário Macilau a commencé à prendre des photos à l’âge de 14 ans et a appris à utiliser son appareil avec l’aide d’internet. Devenu professionnel, il a multiplié les projets sur des groupes isolés de travailleurs : mineurs au Bangladesh, revendeurs de ciment au Mozambique, essayant à chaque fois de mettre en avant la dignité de chacun. Il a mis longtemps avant de s’autoriser à photographier ceux qu’il connaît le mieux, les enfants des rues de Maputo, avec la série Growing in Darkness.

Boy With His Toy Pistol, Ed Cross Fine Art

Prix : moins de 5 000 euros

Mario Macilau est l'un des artistes exposés à la foire d'art contemporain 2017 de Paris. Ici, "Boy with his toy pistol". © Ed Cross Fine Art

Mario Macilau est l'un des artistes exposés à la foire d'art contemporain 2017 de Paris. Ici, "Boy with his toy pistol". © Ed Cross Fine Art

Kudzanai-Violet Hwami

Née en 1993 à Kwekwe (Zimbabwe)

Installée à Londres mais ayant vécu au Zimbabwe et en Afrique du Sud, Kudzanai-Violet Hwami propose des peintures aux couleurs intenses représentant une vision futuriste de l’Afrique.

Les questions de sexualité, de genre et de spiritualité sont au cœur d’un travail autour du corps noir constitué à partir d’images de diverses provenances retravaillées et réinterprétées.

Epilogue (Returning to the Garden), Tyburn Gallery

Prix : entre 10 000 et 15 000 euros

Kudzanai-Violet Hwami Epilogue (Returning to the Garden), 2016 - Entre 10000 et 15000 euros © courtesy Tyburn Gallery

Kudzanai-Violet Hwami Epilogue (Returning to the Garden), 2016 - Entre 10000 et 15000 euros © courtesy Tyburn Gallery

Anton Kannemeyer

Né en 1967 au Cap (Afrique du Sud)

Anton Kannemeyer est le cofondateur, avec Conrad Botes, du magazine engagé et subversif Bitterkomix, en 1992. Connu comme dessinateur de BD sous le nom de Joe Dog, il explore les questions du racisme et du colonialisme en réinterprétant notamment, à sa manière, le fameux Tintin au Congo d’Hergé.

The Sleep of Reason, Huberty & Breyne Gallery

Prix : entre 5 000 et 10 000 euros

Anton Kannemeyer : The Sleep of Reason © courtesy Huberty & Breyne Galler

Anton Kannemeyer : The Sleep of Reason © courtesy Huberty & Breyne Galler

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