Littérature jeunesse : moi, Clotee, 12 ans, esclave
Les plus jeunes lecteurs seront peut-être déroutés en ouvrant le journal intime de Clotee, imaginé par Patricia C. Mc Kissack à partir de l’histoire vraie d’une esclave dans une plantation de Virginie.
C’est avec ses mots, déformés par ses fautes de langage, que la petite fille raconte sa rude vie quotidienne, rythmée par les corvées. Mais ceux qui s’accrocheront la verront évoluer, observeront son vocabulaire se développer.
Contrainte d’éventer « ’tit maître » lors de ses leçons, la jeune fille n’en perd pas une miette. Mais personne ne doit savoir : une esclave instruite, autodidacte de surcroît, représenterait une menace pour ses maîtres. Même quelques mots tracés dans la boue pourraient la trahir.
Mieux vaut pas s’imaginer qu’on peut se défendre, sinon un jour ou l’autre on le fera. Et ça, ça veut dire une mort certaine.
Si l’impressionnant « liberté » reste obscur, Clotee prend progressivement conscience de son intolérable condition, oscillant entre souffrance, colère et peur. « Tante Tee, elle dit que mieux vaut pas s’imaginer qu’on peut se défendre, sinon un jour ou l’autre on le fera […]. Et ça, ça veut dire une mort certaine ! » tremble-t-elle.
Des mots nouveaux pour changer de destin
Mais, en écoutant les conversations des grandes personnes dans la « grande maison », elle perçoit que le rapport des forces est en train de changer. Elle épelle de nouveaux termes qui font écho à sa révolte : le mystérieux « sécession » et le complexe, presque inconcevable, « abolitionnisme ». Des mots qui, elle le pressent, ont le pouvoir de changer son destin.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles