France : Amandine Gay donne la parole aux femmes noires

En octobre 2016, de courtes séquences vidéo se frayaient un passage sur YouTube. « Bounty vs Niafou », « Noire à vie »… Autant de scènes coupées ou d’extras issus du documentaire réalisé par Amandine Gay, Ouvrir la voix.

Amandine Gay lors d’une table ronde sur le thème du « black feminism ». © Capture d’écran YouTube

Amandine Gay lors d’une table ronde sur le thème du « black feminism ». © Capture d’écran YouTube

leo_pajon

Publié le 18 avril 2017 Lecture : 1 minute.

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Afroféministes et fières de l’être

Elles ne veulent plus que d’autres parlent en leur nom et elles prennent la parole. Pour défendre haut et fort leurs droits et leurs idées. Rokhaya Diallo est l’une de ces voix.

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Dans ce film de deux heures, pour la première fois, des femmes noires, nombreuses (24 au total), parlent à la première personne de leur vie, de leurs préoccupations, des discriminations qu’elles subissent, face caméra. Les séquences mises en ligne ont déjà été visionnées plus de 100 000 fois…

En France, si un personnage n’est pas blanc, sa couleur fait forcément partie de l’histoire

Un beau pied de nez pour cette comédienne et scénariste qui n’a jamais réussi à vendre des programmes échappant aux stéréotypes raciaux. « En France, si un personnage n’est pas blanc, sa couleur fait forcément partie de l’histoire, note-t-elle. Il est sans papiers, travailleur du sexe, drogué, dealer… Impossible de proposer une forme de neutralité comme aux États-Unis. »

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Un documentaire militant assumé

Dans Ouvrir la voix, la trentenaire impose des gros plans sur les interviewées. Une réponse à ceux qui lui expliquaient qu’il était difficile d’éclairer les femmes noires. Ton complice, tutoiement, questions inspirées de son propre parcours, Amandine Gay signe un documentaire militant assumé, pensé comme « une grande conversation » avec des femmes engagées qui lui ressemblent, sans chercher la contradiction.

Certaines banalisent la violence et finissent par se dire que la discrimination, les insultes, ce n’est pas si grave

Le travail, reconnaît-elle, a été « éprouvant », parce que beaucoup d’entre elles vivent des situations de détresse morale… qui ont pu mener à des tentatives de suicide. « Ce qui m’a le plus peiné, c’est de voir que certaines banalisent la violence et finissent par se dire que la discrimination, les insultes, ce n’est pas si grave. »

Prochaine étape ? La sortie du film sur grand écran à l’automne, sachant que beaucoup de cinémas, d’institutions culturelles, souhaitent déjà le projeter et ouvrir une discussion avec leur public. Et l’objectif d’Amandine Gay, sur le long terme, est de réaliser une fiction, un road trip de trois sœurs sur fond de deuil familial, où la couleur échappera enfin aux clichés.

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