État-Unis : « La logique de cette administration, c’est donnant-donnant »

Une centaine de jours après son accession au pouvoir, l’administration ­Trump semble encore à la recherche de sa politique africaine. Passé par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, l’Africain-Américain Raymond Gilpin est un spécialiste des questions d’économie et de sécurité sur le continent.

Raymond Gilpin, spécialiste des questions d’économie et de sécurité sur le continent. © DR

Raymond Gilpin, spécialiste des questions d’économie et de sécurité sur le continent. © DR

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Publié le 28 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

Aujourd’hui doyen des affaires académiques à l’Africa Center for Strategic Studies, organisme rattaché au Pentagone, il donne ici quelques clés pour comprendre ce qui attend l’Afrique au cours des quatre prochaines années.

Jeune Afrique : Avez-vous senti une quelconque inflexion de la politique africaine des États-Unis depuis la mise en place de la nouvelle administration ?

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Raymond Gilpin : Il est impossible de parler de ce que sera la politique africaine des États-Unis tant que les principaux responsables ne seront pas nommés au département d’État, à celui de la Défense, à l’Usaid, etc. Pour l’instant, elle reste une énigme.

Dans l’immédiat, les États-Unis n’ont donc pas de politique africaine ?

La politique définie par l’administration précédente reste, pour l’instant, celle des États-Unis. Clinton, Bush ou Obama, c’est la même depuis plus de vingt ans. Elle s’appuie sur quatre piliers : la sécurité nationale et régionale, le renforcement de la gouvernance démocratique, la lutte contre la pauvreté et – innovation introduite par Obama – le développement du secteur privé.

Les membres de la nouvelle administration venant, pour l’essentiel, du monde des affaires, il est probable qu’il n’y aura pas d’évolution notable sur ce dernier point. Mais là encore, nous n’en savons rien.

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Et s’agissant des autres piliers ?

Nous pouvons seulement commencer à lire entre les lignes. Mais la visite à Washington, début avril, d’Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien, a été diversement appréciée. N’a-t-il pas été très bien accueilli par Donald Trump alors qu’il a pris le pouvoir grâce à un coup d’État ?

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La presse vient également de révéler que les États-Unis s’apprêteraient à vendre des avions de chasse au gouvernement nigérian pour l’aider à lutter contre Boko Haram, décision que Barack Obama s’était toujours refusé à prendre par crainte d’une prolifération des armes.

Cette administration semble avoir une logique transactionnelle, du style : « Qu’est-ce que vous nous offrez en échange ? » Est-ce que cela signifie qu’elle portera une moindre attention aux questions de gouvernance dès lors que des contrats commerciaux ou des investissements lourds seront en jeu ? Si tel devait être le cas, ce serait un revirement important.

Certains programmes, comme Power Energy, sont-ils en danger ?

Il est trop tôt pour le dire, mais cette initiative a été mise en place grâce à des partenariats avec le secteur privé américain. Des entreprises comme General Electric ont déjà réalisé d’importants investissements. Il serait donc très surprenant que la nouvelle administration y mette un terme, car de nombreux emplois américains sont en jeu.

Plus que de l’assistance militaire ou humanitaire, ce dont a besoin l’Afrique pour poursuivre son développement, c’est de devenir un véritable acteur du commerce mondial. Pour cela, il faut lui faciliter l’accès aux marchés en réduisant les barrières douanières et en cessant de subventionner nos productions. Et c’est peut-être sur ce point que l’actuelle administration peut montrer sa différence.

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