Maroc : qui sont les Amazighs du gouvernement ?

Plusieurs des leaders qui ont scellé l’alliance gouvernementale sont berbères. Une configuration qui reflète une certaine évolution de la composition sociologique de la classe politique.

Le gouvernement marocain nommé le 5 avril 2017. © AP/SIPA

Le gouvernement marocain nommé le 5 avril 2017. © AP/SIPA

fahhd iraqi

Publié le 15 mai 2017 Lecture : 2 minutes.

Saadeddine El Othmani, chef du gouvernement

C’est un parfait amazighophone qui dirige désormais le gouvernement et un ardent défenseur de la cause berbère. Quand il était ministre des Affaires étrangères, il avait appelé ses homologues maghrébins à troquer l’expression « Maghreb arabe » contre celle de « Grand Maghreb » pour ne pas exclure l’identité amazigh de ces pays.

Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture

Dans le douar natal de son père, Aguerd Oudad, près de Tafraout, il est adulé. Et dans le chef-lieu du Souss, Agadir, c’est sans doute l’homme le plus populaire. Pour le développement économique de sa région, le businessman – qui a commencé sa carrière politique comme président du conseil régional avant de devenir ministre – a toujours répondu présent. C’est aussi le chef d’orchestre du festival Timitar, l’événement culturel amazigh phare dans l’agenda des festivals du royaume.

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Mohamed Sajid, ministre du Tourisme

Lui aussi est originaire de Tafraout ! Et lui aussi compte parmi les grandes fortunes du Souss. Le député de la circonscription de Taroudant a pu conquérir la mairie de Casablanca en 2009 grâce à la mobilisation de la communauté amazigh de la métropole autour de lui. Dans les médias, il a encore les vieux réflexes de l’ère hassanienne : il se garde bien de parler de la question amazigh, bien qu’il finance plusieurs associations de développement dans le Souss.

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur

Le premier sécuritaire du royaume est originaire du Rif. Né dans le petit douar de Tafrist (près de Nador), il a poursuivi un cursus scolaire d’excellence qui lui a permis de gravir les échelons dans l’administration, jusqu’à prendre la tête de la « mère des ministères ». Selon certains, sa nomination surprise à ce poste ne fait que traduire une volonté de l’État de mieux communiquer avec les Rifains, connus pour leurs fortes revendications identitaires. Mais ça serait oublier les compétences avérées de l’ancien wali de Rabat.

Ahmed Toufiq, Ministre des Affaires islamiques

En 2013, il avait fait sensation au Parlement en répondant en amazigh à une question qu’une députée lui avait posée dans la même langue. Beaucoup de Marocains découvraient alors que cet homme de lettres, connu entre autres pour ses best-sellers en langue arabe, était un parfait amazighophone. C’est à Marigha, dans le Haut Atlas, qu’est né celui qui depuis dix-sept ans tient les rênes des affaires religieuses et incarne cet équilibre entre spiritualité, identité et culture universelle.

Mohamed Hassad, ministre de l’Enseignement

L’ancien ministre de l’Intérieur a poussé son premier cri à Tafraout, dans une famille modeste. Ses études d’ingénieur et sa tête bien faite font de lui l’un des protégés de Meziane Belfqih (ancien conseiller royal), qui lui met le pied à l’étrier en tant que haut commis de l’État, déjà sous l’ère de Hassan II. C’est ce qui pourrait expliquer qu’il ne parle pas trop d’amazighité. Mais maintenant qu’il est à la tête du département de l’Éducation nationale, il va devoir se mouiller davantage. Et pour cause : la langue amazigh reste encore peu intégrée dans l’enseignement.

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