Quels sont les atouts de Kheireddine Zetchi, nouveau patron de la Fédération algérienne de football ?

Homme d’affaires accompli, passionné de ballon rond, le nouveau patron du football algérien bénéficie d’un préjugé favorable. Et d’appuis au plus haut niveau de l’État.

Kheireddine Zetchi, le nouveau patron du football algérien. © Saad pour JA

Kheireddine Zetchi, le nouveau patron du football algérien. © Saad pour JA

Alexis Billebault

Publié le 12 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

Rares étaient ceux qui auraient misé sur Kheireddine Zetchi, 51 ans, pour succéder au puissant Mohamed Raouraoua à la tête de la Fédération algérienne de football (FAF). En poste de 2001 à 2006, puis de nouveau à partir de 2009, ce dernier avait laissé savamment planer le doute sur une éventuelle candidature de sa part. Zetchi, lui, avait déclaré il y a quatre mois, dans une interview à El Heddaf, qu’il était prêt à présenter la sienne.

On connaît la suite. Le président sortant n’a pas brigué de nouveau mandat, l’élection a été maintenue au 20 mars, alors qu’un report au 27 avril avait été envisagé, et Zetchi a été élu avec 64 voix sur 103 lors d’une assemblée générale organisée à huis clos. Le nouveau patron du football algérien, bien qu’unique candidat en lice, n’a pas obtenu un score nord-coréen.

Certains assurent qu’il est téléguidé par le pouvoir. Le ministre des Sports ne voulait pas un apparatchik du football

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Du côté d’Alger, nombreux sont ceux qui sont convaincus que Zetchi a été invité par les hautes sphères de l’État à se présenter. « Certains assurent qu’il est téléguidé par le pouvoir. Le ministre des Sports ne voulait pas un apparatchik du football mais un candidat plus jeune, plus moderne, avec une vision et des idées, notamment sur la formation, sur les finances des clubs », explique un entraîneur d’une équipe de Ligue 1.

La formation, sa priorité

Cette proximité avec le pouvoir, même si elle est nuancée par un ancien membre de la FAF – « il a des appuis très haut placés mais a su conserver une certaine indépendance » –, est, selon une autre source, évidente.

« Il y a eu une tentative de certains membres de la fédération de faire reporter l’élection, mais des ordres sont venus d’en haut pour maintenir la date du 20 mars, quitte à contrarier la Fifa, laquelle n’apprécie guère que les gouvernements mettent leur nez dans les affaires du football. En outre figurait sur la liste du candidat Zetchi Rebouh Haddad, président de l’USM Alger et frère d’Ali Haddad, le propriétaire du club. » Or celui-ci, puissant homme d’affaires et patron du Forum des chefs d’entreprise (FCE), fait partie du premier cercle d’Abdelaziz Bouteflika, le chef de l’État.

Kheireddine Zetchi, né à Bordj Bou Arreridj, bénéficie cependant d’un préjugé plutôt favorable, ce qui n’est pas si courant parmi les dirigeants du football algérien. Cet homme d’affaires, qui gère avec une certaine réussite l’entreprise familiale spécialisée dans les matériaux de construction, a créé, en 1994 à Hydra, sur les hauteurs d’Alger, un second club pour concurrencer le Hydra AC.

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Ce nouveau venu, Paradou AC, qui va retrouver la L1 dans quelques semaines, s’est étoffé avec l’ouverture d’une académie, puis, en septembre 2007, d’un partenariat avec la structure du Français Jean-Marc Guillou, qui s’est achevé récemment.

« La formation fait partie de ses priorités. Il veut obliger les clubs à avoir des centres de formation. Zetchi a également pour objectif de ne pas se concentrer uniquement sur la sélection nationale, essentiellement formée de binationaux, mais de s’intéresser au championnat local, qui est officiellement professionnel depuis sept ans, ce qui ne se voit pas toujours », intervient Ali Fergani, ancien milieu de terrain puis sélectionneur des Fennecs, aujourd’hui président de l’Amicale des anciens internationaux.

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Réputé bon communicant, Zetchi, qui a abandonné la présidence de son club, va devoir fédérer autour de son projet et de sa personne. « C’est quelqu’un qui connaît le football, qui semble savoir déléguer », poursuit Fergani. Une des premières décisions du boss fraîchement élu a consisté à désigner le nouveau sélectionneur national, en la personne de l’Espagnol Lucas Alcaraz. Une décision qui n’a pas fait l’unanimité en Algérie…

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