Interview – Burkina Faso : Tidiane Barry « Nous sommes vecteur d’énormes attentes et de préjugés à la fois »

Pour le nouveau président de la Chambre des mines du Burkina Faso, Tidiane Barry, l’avenir du secteur est assuré à moyen terme, mais sa croissance est encore freinée par des contraintes structurelles.

Tidiane Barry, président de la Chambre des mines du Burkina. © Sophie Garcia/Hanslucas.com pour JA

Tidiane Barry, président de la Chambre des mines du Burkina. © Sophie Garcia/Hanslucas.com pour JA

Publié le 11 mai 2017 Lecture : 4 minutes.

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Les premiers résultats des réformes engagées il y a un an sont plutôt positifs. Pourtant, Roch Kaboré doit encore relever des défis de taille pour répondre aux attentes sociales et rétablir la confiance entre l’État et les citoyens.

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Lors de leur assemblée générale, le 16 janvier, les membres de la Chambre des mines du Burkina (CMB) ont élu à leur tête Tidiane René Barry, le directeur des approvisionnements et des affaires corporatives (affaires générales) de Iamgold Essakane SA. Ils ont également adopté à l’unanimité une charte d’éthique selon laquelle ils s’engagent notamment à privilégier les fournisseurs locaux et à promouvoir la formation. Cette volonté passe aussi par le projet d’École des mines, que la CMB souhaite créer avec différents partenaires, parmi lesquels l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole (ICM), dont le bureau local est également présidé par Tidiane Barry.

Après une licence en administration des affaires à l’École des sciences de la gestion de l’université du Québec à Montréal (1999) et un master à la Pittsburg State University (2002), aux États-Unis, le Burkinabè a commencé sa carrière au Canada en tant qu’analyste financier chez Bombardier Aéronautique (2003-2005), puis chez Orezone Resources (2005-2007), où il finalise les études et dossiers d’autorisations préalables à la mise en activité de la mine d’Essakane.

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En 2007, il rentre au Burkina en tant que directeur administratif de la filiale d’Orezone qui exploite le gisement et, dans le cadre de l’acquisition de cette dernière par Iamgold, intègre le groupe.

Jeune Afrique : Quelles sont les priorités de votre mandat ?

Tidiane Barry : Notre objectif est d’accompagner les efforts du gouvernement pour que l’industrie minière reste compétitive et prospère, et qu’elle participe au développement du pays. Le principal enjeu est de maintenir une dynamique de compétitivité, en tenant compte de l’enclavement du Burkina et de l’aspect sécuritaire, qui est un véritable défi pour la sous-région. Je veux aussi améliorer la communication du secteur, qui suscite énormément d’attentes et est victime de préjugés.

Et comment se porte ce secteur ?

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Il connaît une bonne croissance depuis 2008. En 2016, la production d’or a dépassé 38 tonnes, cinq permis d’exploitation ont été accordés, et plusieurs projets sont désormais à un stade avancé. Certains sont en cours de développement, d’autres en recherche de financement. Grâce à ces nouveaux projets, le futur de l’industrie est assuré à moyen terme. Et avec 405 permis de recherche en cours, on peut dire que le secteur est dynamique.

Le nouveau code minier, révisé en 2015, est-il satisfaisant ?

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Son dispositif de levier fiscal est moins attractif que celui du code de 2003, mais la plupart des sociétés en exploitation ont déjà réalisé leurs investissements et ont la garantie que les conditions prévues au moment de la signature de leur permis ne seront pas touchées par ces changements. Nous tenons à cette stabilité des règles, elle est primordiale pour le climat des affaires.

C’est sur le moyen et le long terme que l’on mesurera les résultats de ce nouveau texte. Parmi les projets qui en sont à un stade avancé, j’en connais deux ou trois qui ont des difficultés à lever des fonds à cause de la baisse de rentabilité et de l’allongement des délais. Pour qu’ils puissent être menés à bien, il faudra donc peut-être réfléchir à des aménagements et à des mesures d’accompagnement.

Cela étant dit, la gouvernance générale du secteur minier au Burkina Faso est plutôt saine comparée à d’autres pays. C’est un avantage non négligeable, car la stabilité institutionnelle et le climat des affaires jouent beaucoup sur la décision d’investir.

Le rapport publié en octobre 2016 par la commission d’enquête parlementaire sur la gestion des titres miniers et la responsabilité sociale des entreprises dresse un état des lieux mitigé : mauvaise gouvernance, spéculation, dégradation de l’environnement, etc. Qu’en pensez-vous ?

Le rapport relève effectivement des défaillances dans les mécanismes de contrôle, et certains points méritent d’être approfondis. Il faut cependant souligner que ce ne sont pas les sociétés minières industrielles qui sont particulièrement pointées par ce rapport : l’extraction illégale et la fraude concernent surtout l’activité artisanale. L’État va d’ailleurs dans le bon sens avec la création d’une agence chargée de réguler l’orpaillage et de juguler ses impacts négatifs sur l’environnement. Quant à la taxation des transferts de titres miniers, elle permet de limiter la spéculation.

Il faut aussi relativiser le sujet des exonérations fiscales, que certains considèrent comme un manque à gagner pour l’État. Il est normal qu’il y ait des incitations pour investir, ce qui est valable dans tous les secteurs, pas seulement dans l’industrie minière. Enfin, sur le sujet de la pollution, des mécanismes existent, comme le Plan de gestion environnemental et social. Le défi est de le rendre pratique. Par exemple, au lieu d’accumuler dans un fonds de réhabilitation de l’argent qui n’est débloqué qu’en fin d’exploitation, on pourrait mettre en place un dispositif qui privilégie une réhabilitation progressive des sites.

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