Musique : Mbongwana Star, la jouvence par l’électro

Associés à Afrotronix, les transfuges congolais du Staff Benda Bilili rajeunissent une nouvelle fois leur son. Comme beaucoup de vétérans de la scène africaine.

L’important ? Garder les doigts dans la prise. © Florent de la tullaye/3dfamily

L’important ? Garder les doigts dans la prise. © Florent de la tullaye/3dfamily

leo_pajon

Publié le 11 mai 2017 Lecture : 2 minutes.

«Nous faisons de la rumba ! » Théo Nzonza n’en démord pas. Le papy congolais, sapé comme un prince, se redresse sur sa chaise roulante et précise : « Oui, c’est de la rumba électrique, de la rumba moderne, mais c’est toujours de la rumba. » Nous sommes dans un hôtel parisien, non loin de la Grande Halle de la Villette, où le Mbongwana Star doit assurer son concert. Quelques heures plus tard, le quinqua déchaîné, énormes lunettes fluo lui couvrant la moitié du visage, se trémousse sur scène sous un déluge de décibels saturés et de boucles hypnotiques. Face à lui, près de cinq cents personnes, tous âges confondus, qui ne sont pas venues assister à un concert de rumba mais à une soirée intitulée Kinshasa électro.

Mbongwana, en lingala, signifie ‘‘changement”, nous voulions un son plus électrique

Le temps où Théo et son comparse Coco Ngambali chantaient avec passion mais plus calmement dans le Staff Benda Bilili est bien révolu. On s’en souvient, en 2013, pour des histoires de gros sous et d’entourloupes dans l’organisation des concerts, le groupe le plus populaire du moment venant d’Afrique francophone se scindait. Théo et Coco, restés fidèles à Michel Winter, leur manager belge présent au tout début de l’aventure, créaient le Mbongwana Star. « Nous voulions travailler dans un style différent, souligne Coco. Mbongwana, en lingala, signifie d’ailleurs ‘‘changement”. Nous voulions un son plus électrique. »

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En 2015, le groupe sortait un objet musical non identifié : From Kinshasa. Accents punk-rock, pointes de trip-hop… Coco et Théo, doigts dans la prise, s’envolaient vers de nouvelles voix dopées aux effets synthétiques concoctés par le Franco-Britannique Doctor L. Aujourd’hui, Doctor L ne participe plus au projet, mais le Tchadien Caleb Rimtobaye, plus connu sous son nom de scène Afrotronix, a pris le relais.

On a pu l’apercevoir sur la scène de la Villette, avec son casque futuriste lui donnant un profil de ventilateur, mixer fébrilement derrière le groupe et enrober leur rumba-funk de nappes électro.

Un courant « traditionnello-futuriste »

Les anciens du Staff Benda Bilili refusent d’admettre qu’ils ont révolutionné leur son. « Il faut se souvenir qu’en 1974 un grand festival de musique afro-soul était organisé au Zaïre, rappelle Théo Nzonza. Il y avait déjà tous les styles : le funk de James Brown, du rock… Nous avons toujours été influencés par tout ça. » Reste que des machines s’invitent depuis quelques années seulement sur leur musique.

Ce ne sont pas les seuls grands noms africains à donner un bon coup de polish à leur son. La diva malienne Oumou Sangaré, par exemple, sort en parallèle de son dernier album, Mogoya, un EP de remix planants porté par quatre producteurs : Ghetto Vanessa, Mawimbi, Malik Djoudi et Natureboy Flako.

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La chanteuse burkinabè Hawa Boussim confirme son virage dance amorcé en 2014 avec un nouveau clip, Koregore, truffé de références visuelles aux vidéos de Rihanna, Beyoncé, Major Lazer ou aux Sud-Africains de Die Antwoord.

Le joueur de kora malien Toumani Diabaté a réalisé avec son fils Sidiki et le Français Matthieu Chedid un album pop et électrique, Lamomali… Reste à trouver les scènes, les festivals, qui, sur le continent, permettront à ce courant « traditionnello-futuriste », de s’exprimer.

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