Gabon : l’affaire Santullo, symbole des dysfonctionnements de l’État

Où étaient l’État, ses lois et procédures, ses mécanismes de contrôle budgétaire ? L’affaire Santullo apparaît symptomatique de l’ampleur des dysfonctionnements dus à la corruption endémique qui sévit dans la haute fonction publique gabonaise.

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba en train de prêter serment pour un deuxième mandat à Libreville, le 27 septembre 2016. © Jeremi Mba/AP/SIPA

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba en train de prêter serment pour un deuxième mandat à Libreville, le 27 septembre 2016. © Jeremi Mba/AP/SIPA

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Publié le 24 mai 2017 Lecture : 1 minute.

Selon des sources convergentes au sommet de l’appareil d’État – où l’on n’évoque le dossier qu’off the record –, elle a été rendue possible par le non-respect des procédures de passation de marchés et par l’affaiblissement des contrôles.

Dans un schéma classique, un marché public de construction d’infrastructures implique le maître d’ouvrage (le ministère concerné) et un maître d’ouvrage délégué – l’Agence nationale des grands travaux (ANGT). Quant au circuit financier, il est soumis à la validation du ministère du Budget, tandis que les paiements dépendent du Trésor public.

Le président se sent trahi par certains membres de son entourage

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Mais, en 2012, des proches d’ABO ont modifié les compétences du Fonds d’entretien routier (FER), qui a été doté de deux guichets : le premier consacré au financement de l’entretien routier, le second chargé des investissements destinés à la construction d’infrastructures. Or ce dernier s’est vu accorder la capacité de s’endetter directement auprès des bailleurs de fonds, avec la garantie de l’État.

Une évolution qui a accru l’opacité du système, permettant notamment à l’ensemble des acteurs d’accorder des marchés de gré à gré en échappant au contrôle du ministère du Budget. Pour la reconstruction du pont de Kango, le marché a même été attribué en l’absence de toute convention écrite. Et ce manque de transparence s’est encore aggravé en 2015, lorsque le FER a été absorbé par l’ANGT pour former l’ANGTI. « Le président se sent trahi par certains membres de son entourage », confie un bon connaisseur du dossier. À l’en croire, d’autres protagonistes devraient être convoqués prochainement par la justice.

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