« Imaginaire en exil » : un documentaire sur un cinéma à décoloniser
Le documentaire « Imaginaires en exil », de Daniela Ricci interroge la situation de réalisateurs vivant en occident et catalogués comme « Africains ».
Septième art : quand l’Afrique fait son cinéma
Alors que s’ouvre le Festival de Cannes, dans le sud de la France, la production africaine apparaît toujours comme le parent pauvre de l’industrie cinématographique mondiale. Pourtant, avec les moyens qui sont les siens, le continent fait preuve d’une inventivité remarquable, parfois à rebours des canons internationaux. Et si c’était là sa chance ?
«J’ai fait peu de films, mais tous sur la reconstruction identitaire, à partir de fragments de soi. L’âme, l’esprit, la mémoire collective de notre peuple ont été déstabilisés. Surtout les miens. Donc je pars toujours de moi-même. » Hailé Gerima est l’un des cinq cinéastes que Daniela Ricci a rencontrés pour réaliser son documentaire Imaginaires en exil, il y a quatre ans, toujours projeté dans des festivals.
Nous ne resterons que de piètres réalisateurs tant qu’on ne sera pas maîtres de notre cinématographie et que nous resterons dépendants de l’Occident, du regard de l’étranger
Désignés comme « africains » mais vivant entre Londres, Washington et Paris, Newton Aduaka, John Akomfrah, Dani Kouyaté et Jean Odoutan ont tous mené une réflexion, dans leurs films, sur leur identité métissée. Leur position, à cheval sur les continents, est loin d’être confortable. Toute la difficulté est d’assumer pleinement leurs cultures plurielles sans être catalogué cinéaste des « minorités » ou « noir ». Ce qui fait dire à Jean Odoutan : « Nous ne resterons que de piètres réalisateurs tant qu’on ne sera pas maîtres de notre cinématographie […] et que nous resterons dépendants de l’Occident, du regard de l’étranger. »
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